Ce mercredi, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a annoncé une étape majeure dans la reconquête de la souveraineté militaire de la France : le test réussi du premier drone suicide français, baptisé « Colibri ». Cette munition téléopérée a été développée en collaboration avec les entreprises KNDS et Delair. Elle sera livrée à l’Ukraine dans les semaines à venir, avec 100 exemplaires prévus pour renforcer les capacités militaires de Kiev.
Un drone conçu pour les conflits modernes
Le Colibri, avec une portée de 5 km et une autonomie de 45 minutes, est conçu pour cibler les véhicules légers avec une précision métrique. D’un coût de moins de 20.000 euros l’unité, ce drone s’inscrit dans la réponse stratégique de la France face aux défis posés par les conflits modernes, notamment après l’usage massif de drones lors de la guerre en Ukraine et au Haut-Karabagh.
Le drone Colibri est basé sur le modèle UX11 de Delair, utilisé par les forces spéciales françaises depuis 2019 et déjà déployé en Ukraine depuis l’été 2023. L’adoption de ce modèle marque un jalon important dans l’évolution des capacités opérationnelles des armées françaises.
En parallèle du Colibri, la France développe également des drones de plus longue portée. Le modèle Larinae, prévu pour 2025, aura une portée de 80 à 120 km et sera capable de traiter des menaces blindées tout en contournant les systèmes de protection active. Ce projet, en collaboration avec EOS Technologie, TRAAK, et KNDS, prévoit les premières démonstrations avec des charges inertes au début de l’année prochaine.
Un autre projet, dirigé par MBDA et Novadem, est également en cours. Ce drone, surnommé « Mutant », aura une portée de 50 km et sera spécialement conçu pour des missions anti-chars.
Une capacité militaire renforcée pour l’armée française
Dans le cadre de la loi de programmation militaire 2024-2030, la France a prévu d’acquérir 1800 munitions téléopérées pour ses forces armées. Ces drones kamikazes sont vus comme un complément stratégique au système d’artillerie Caesar. Sébastien Lecornu avait déjà souligné l’importance de ces nouvelles capacités lors d’une visite à l’entreprise Delair, la qualifiant de « vitrine de ce qu’il faut faire en économie de guerre ».
Si la production de Colibri pourra atteindre une cinquantaine d’unités par mois, les autorités militaires restent prudentes quant à la constitution de stocks, compte tenu de l’évolution rapide des technologies dans ce domaine. Le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, a rappelé que les stocks pourraient rapidement devenir obsolètes.
Avec ces avancées, la France renforce sa position sur le marché des drones et accélère son adaptation aux exigences des conflits contemporains.