La France reçoit un ministre libanais du Hezbollah, persécuteur du professeur Chartouni
La France, souvent perçue comme le berceau des droits de l’homme et de la liberté d’expression, reçoit aujourd’hui Ziad Makari, ministre libanais de l’Information affilié au Hezballah. Une visite qui suscite des interrogations, alors que la liberté d’expression est sous attaque systématique au Liban, notamment contre ceux qui osent critiquer la milice pro-iranienne et son emprise sur le pays.
Le contexte de cette visite est lourd de symboles. Au Liban, les journalistes, les intellectuels et les figures publiques qui osent s’opposer à la mainmise du Hezballah subissent intimidations, poursuites judiciaires et menaces. La dernière victime en date de cette répression est le professeur Charles Chartouni, universitaire éminent et détenteur de la citoyenneté américaine, convoqué ce jour devant le ministère public libanais pour des accusations liées à son opinion. Chartouni, fervent défenseur de la paix et partisan d’une politique de non-hostilité avec Israël, est poursuivi pour avoir exprimé des idées contraires à la ligne imposée par le système sécuritaire et judiciaire contrôlé par le Hezballah.
Cette situation met en lumière une double réalité troublante. D’un côté, la France, patrie des Lumières, choisit d’ouvrir ses portes à un ministre dont le silence face à ces dérives est assourdissant. De l’autre, le Liban s’enfonce dans une spirale de répression où la dissidence, même pacifique, est criminalisée.
Le cas de Charles Chartouni, symbole d’une opposition intellectuelle libre, pose une question fondamentale : comment un pays comme la France peut-il justifier l’accueil d’un représentant d’un système qui écrase les valeurs mêmes qu’elle défend sur la scène internationale ? Le Hezballah, avec son influence écrasante sur les institutions libanaises, y compris judiciaires, poursuit une politique de musellement des voix dissidentes, contribuant à l’isolement et à l’appauvrissement intellectuel du pays.
La visite de Ziad Makari ne peut être séparée de ce contexte. En tant que ministre de l’Information, il est le garant théorique de la liberté des médias au Liban. Pourtant, son inaction face à ces persécutions, son alignement sur les intérêts du Hezballah et son absence de condamnation explicite soulèvent des doutes sérieux sur son rôle réel. En accueillant un tel représentant, la France envoie un message ambigu : celui de la tolérance implicite envers un régime répressif.
Paris, en tant que défenseur historique des libertés fondamentales, se doit d’interroger les conséquences de cette visite. Si le dialogue diplomatique est essentiel, il ne peut se faire au prix d’un silence complice face aux atteintes graves aux droits humains. La France ne peut ignorer que la liberté d’expression est un pilier de la démocratie, et que recevoir un ministre comme Ziad Makari sans exiger de comptes affaiblit sa position morale.
Alors que Charles Chartouni comparaît aujourd’hui devant une justice instrumentalisée, le contraste avec l’accueil réservé à Ziad Makari est frappant. La France doit-elle vraiment dérouler le tapis rouge à ceux qui cautionnent l’oppression des voix libres ? Une telle réception n’est-elle pas une trahison des idéaux qu’elle incarne sur la scène mondiale ?
Il est encore temps pour Paris de réaffirmer son engagement en faveur des libertés. Cette visite doit servir de levier pour exiger des garanties sur la protection des droits fondamentaux au Liban, et non être perçue comme un blanc-seing accordé à la répression. Car, en accueillant un ministre qui symbolise l’étouffement des libertés, la France risque de ternir son image de phare des droits de l’Homme.