La France Insoumise et les Jeux Olympiques : une discorde idéologique et stratégique

09 août, 2024 / Entrevue

Les Jeux olympiques de Paris, bien qu’ayant suscité un enthousiasme national et un succès sportif indéniable, ont provoqué une réaction mitigée au sein de La France insoumise (LFI). Les élus insoumis se montrent discrets ou critiques à l’égard de cet événement mondial.

Un silence stratégique ?

Malgré l’engouement populaire autour des Jeux, les figures de proue de LFI, telles que Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard, sont restées silencieuses. Seuls quelques élus, comme Mathilde Panot et Sébastien Delogu, ont salué les athlètes français par de rares tweets. Cette discrétion pourrait s’expliquer par un désaccord fondamental avec les valeurs incarnées par les JO.

Critiques des valeurs olympiques

Les JO sont perçus par certains Insoumis comme véhiculant un système de valeurs en contradiction avec les idéaux de LFI. Arnaud Saint-Martin, député de Seine-et-Marne, critique le chauvinisme des médias français, qui se concentrent principalement sur les performances nationales, alors que les JO devraient promouvoir la solidarité internationale et la paix universelle. Selon lui, l’événement met en compétition les nations plutôt que de célébrer uniquement les performances athlétiques.

Un rejet du « sport business »

Mathieu Slama, essayiste engagé à gauche, et d’autres membres de LFI dénoncent le caractère commercial et dépolitisant des JO. Pour eux, ces jeux symbolisent une sorte d’unanimisme forcé qui masque les véritables enjeux sociaux et économiques. Mathilde Panot souligne l’importance de saluer la diversité des athlètes internationaux, plutôt que de se focaliser uniquement sur la délégation française.

Une approche critique et analytique

En juillet, LFI a lancé une « commission d’enquête populaire » pour analyser les implications sociales, économiques et écologiques des JO. Cette démarche reflète leurs préoccupations quant aux dépenses massives engagées, que certains jugent disproportionnées par rapport aux besoins urgents du pays, comme l’entretien des infrastructures scolaires ou des logements sociaux.

Un positionnement idéologique

Les élus insoumis considèrent que l’idéal olympique, avec sa devise « Citius, Altius, Fortius » (Plus vite, plus haut, plus fort), glorifie une compétition individualiste et néolibérale, aux dépens des valeurs de solidarité et de collectivisme. Pour Philippe Marlière, politologue français, cette attitude reflète une culture de gauche radicale qui associe le sport compétitif au consumérisme capitaliste, au nationalisme, et même au sexisme.

En somme, pour La France insoumise, les Jeux olympiques sont bien plus qu’un simple événement sportif. Ils sont le reflet de problématiques sociétales et politiques plus larges qui interrogent les fondements mêmes de la compétition, de l’identité nationale, et des priorités économiques.