Alors que la France s’apprête à stopper toute exploitation de pétrole d’ici 2040, certains forages continuent de susciter débats et indignations. C’est le cas notamment à Nonville, petite commune de Seine-et-Marne, où l’opérateur Bridge Energies a obtenu une prolongation de concession. Si cette décision renforce l’indépendance énergétique du pays, elle provoque la colère des associations écologistes et d’Eau de Paris, inquiet des impacts environnementaux.
En France, bien que modeste, la production pétrolière n’est pas négligeable : environ 10 000 barils par jour, soit moins de 1 % de la consommation nationale. Cette extraction se concentre essentiellement dans le Bassin parisien et en Nouvelle-Aquitaine. Avec des volumes si faibles, ce ne sont pas les géants comme Total qui opèrent, mais des PME comme Bridge Energies, qui se targue d’une production locale plus écologique.
Les projets de Bridge Energies : entre pétrole et transition énergétique
Philippe Pons, dirigeant de Bridge Energies, défend son projet d’étendre l’exploitation en Seine-et-Marne en creusant deux nouveaux puits. À terme, ces forages permettraient de financer des initiatives écologiques comme l’aquaponie ou la géothermie, mais surtout le stockage de CO2. Toutefois, ces arguments ne convainquent pas les ONG et Eau de Paris, qui alertent sur les risques de pollution des nappes phréatiques.
D’un côté, Pons affirme que l’exploitation locale est moins polluante que l’importation de pétrole. De l’autre, des associations dénoncent une « absurdité climatique ». Pour elles, creuser de nouveaux puits pétroliers est incompatible avec les engagements pris pour limiter le réchauffement climatique. Malgré ces polémiques, Bridge Energies attend la décision du tribunal administratif pour débuter les travaux.
Les nouvelles batailles du pétrole français
Bridge Energies n’est pas le seul acteur en quête d’expansion. Le Canadien Vermilion prévoit de forer huit nouveaux puits dans le bassin d’Arcachon. Là encore, les organisations environnementales montent au créneau, espérant que le prochain gouvernement de Michel Barnier interdira ces projets. Si la loi Hulot a bien prévu l’arrêt de l’exploitation pétrolière en 2040, elle n’a pas empêché ces développements transitoires, créant un flou juridique et une vive opposition entre partisans de l’indépendance énergétique et défenseurs de l’environnement.
La fin du pétrole français n’est donc pas seulement une question de temps, mais aussi un champ de bataille où se croisent intérêts économiques, politiques et écologiques.