La Cour des comptes pointe les failles de la lutte contre le narcotrafic en France
Cinq ans après son lancement, le plan national antistupéfiants (2019-2023) affiche un bilan en demi-teinte, selon un rapport de la Cour des comptes rendu public mardi soir. Ce document de 90 pages critique l’inefficacité durable de certaines mesures et souligne que les priorités affichées n’ont pas toutes été mises en œuvre.
Un bilan mitigé et des efforts à intensifier
Le « plan stup' », qui reposait sur six objectifs principaux, notamment l’amélioration des connaissances sur les trafics, la lutte contre le blanchiment d’argent, ou encore le démantèlement des points de deal, a produit des résultats jugés peu pérennes. Parmi les avancées, une baisse de 25 % du nombre de points de deal a été enregistrée en deux ans. Cependant, leur nombre reste aujourd’hui stable à environ 3 000, en raison de la recréation rapide de points de vente dans des zones voisines et de l’accès limité des forces de l’ordre à certaines zones sensibles.
La lutte contre le blanchiment de capitaux, un levier essentiel dans la guerre contre les trafics, est également jugée insuffisante. Alors que ce phénomène représente environ 3,5 milliards d’euros par an selon le ministère des Finances, seuls sept enquêteurs spécialisés sont affectés à ce domaine au sein de l’Office antistupéfiants (Ofast), sur un effectif central de 200 personnes.
Un nouveau plan nécessaire, mais toujours en gestation
Face à ces limites, la Cour des comptes recommande un nouveau plan plus structuré et mieux piloté, adapté à l’évolution des pratiques des trafiquants. Une attention particulière devrait être portée à la montée en puissance des ventes en ligne : 37 % des transactions régulières s’effectuent désormais via internet ou les réseaux sociaux, avec livraison à domicile.
Pour répondre à ces nouveaux défis, le rapport insiste sur plusieurs priorités :
- Renforcer les effectifs de cyber-enquêteurs, afin de traquer les transactions numériques.
- Investir dans des technologies avancées d’investigation, pour accroître l’efficacité des enquêtes.
- Sécuriser les ports, souvent utilisés comme points d’entrée pour les trafics internationaux.
- Lutter davantage contre la corruption, un facteur qui mine les efforts des forces de l’ordre.
Le document appelle enfin à un engagement durable et coordonné des différents acteurs, au-delà des initiatives ponctuelles, pour garantir des résultats concrets et durables.
Alors que le nouveau plan antistupéfiants est encore en cours de finalisation, la Cour des comptes alerte sur l’urgence de repenser en profondeur la stratégie nationale pour contrer un phénomène toujours plus complexe et diversifié.