Les Bulgares se rendent aux urnes ce dimanche 27 octobre pour élire leur Parlement, dans le cadre de leur septième législatives depuis 2021. Un pays plongé dans un cycle électoral répétitif et épuisant, sans issue évidente pour sortir de l’impasse politique qui persiste. Le pays le plus pauvre de l’Union européenne semble piégé dans une spirale d’instabilité, marquée par une polarisation croissante et une lassitude électorale qui atteint des sommets. Lors des élections de mai dernier, le taux de participation n’a été que de 34 %, le plus bas depuis la chute du communisme en 1989.
Une scène politique fragmentée et épuisée
Les scrutins successifs n’ont pas permis d’apporter un véritable changement, et la déception face à l’incapacité des partis à former un gouvernement stable est palpable. Les Bulgares expriment un sentiment de fatigue généralisée, comme le souligne Aneliya Ivanova, une informaticienne de Sofia : « Nous en avons ras-le-bol, c’est certain. Nous sommes fatigués d’être coincés dans ce manège qui tourne et tourne, avec au bout toujours le même résultat. » Plus de 60 % de la population considère la situation comme « extrêmement inquiétante », selon les sondages.
La fragmentation du Parlement est telle qu’une majorité stable semble hors de portée. Les projections indiquent que l’Assemblée pourrait compter jusqu’à neuf groupes parlementaires, rendant la formation de coalitions viables extrêmement compliquée. Même les partis traditionnels peinent à maintenir leur cohésion, comme en témoigne la scission du Mouvement des droits et libertés, représentant principalement la minorité musulmane.
La montée de l’extrême droite prorusse
La crise politique sans précédent en Bulgarie a favorisé l’émergence durable des nationalistes prorusses de Vazrajdane (Renaissance). Cette formation d’extrême droite, créditée de 13 à 14 % des intentions de vote, se positionne désormais comme un acteur majeur du paysage politique. Sa popularité croissante s’explique en partie par l’adoption cet été d’une loi controversée visant à interdire la « propagande » LGBT+ dans les écoles, inspirée des politiques russes. Cette législation, soutenue par le chef du parti GERB, Boïko Borissov, trouve écho dans un pays historiquement russophile, malgré son appartenance à l’OTAN.
Le spectre d’une éventuelle coalition entre GERB et Vazrajdane est une source d’inquiétude, bien que Borissov lui-même ait reconnu que ses « partenaires à Bruxelles et Washington ne permettraient pas » une telle alliance. Toutefois, l’issue de l’élection présidentielle américaine de 2024 pourrait redéfinir les lignes, notamment si Donald Trump, perçu comme plus indulgent face aux dérives de corruption, venait à l’emporter.
Les répercussions économiques et européennes
La répétition des scrutins a un coût économique conséquent, dépassant les 300 millions d’euros, et a également ralenti des réformes cruciales en matière de lutte contre la corruption et de transition énergétique. Les fonds européens, essentiels pour l’économie bulgare, sont désormais menacés, tout comme les perspectives d’intégration à la zone euro et à l’espace Schengen, qui ont été repoussées.
Face à une situation qui ne semble offrir que des solutions temporaires, le pays s’enfonce dans une crise politique et sociale, avec des conséquences potentielles sur la stabilité de l’ensemble de la région. Le vote de ce dimanche apparaît comme un énième épisode d’un feuilleton politique interminable, laissant peu d’espoir pour une résolution rapide et durable.