La Banque centrale européenne (BCE) est sur le point de réduire ses taux directeurs de 0,25 point, une décision très attendue par les ménages, entreprises, et États endettés. Cette première baisse depuis septembre 2019 marque un tournant après une longue période de taux négatifs et une récente série de hausses brutales en réponse à la crise inflationniste. En effet, entre juillet 2022 et septembre 2023, la BCE a relevé les taux de -0,50 % à 4 %, pour contrer l’inflation galopante.
Bien que cette baisse de taux apporte un répit bienvenu, l’ampleur du mouvement pourrait être moindre qu’espéré. Au début de l’année, les marchés anticipaient un assouplissement monétaire régulier, mais le rebond de l’inflation en mai à 2,6 % a incité la BCE à la prudence. Christine Lagarde, présidente de la BCE, avait déjà averti que la désinflation serait irrégulière.
La baisse des taux devrait alléger les conditions de crédit pour les ménages, facilitant l’accès à la propriété immobilière et désengorgeant le marché locatif. Les entreprises bénéficieront de meilleures conditions d’emprunt, stimulant potentiellement l’investissement. Une réduction des taux permettrait aussi un allègement des coûts d’emprunt public, déjà anticipé par les marchés avec une baisse des rendements obligataires en fin d’année dernière. Cependant, les épargnants, après avoir bénéficié de hausses de taux, pourraient voir la rémunération de leurs dépôts diminuer. Les anticipations de baisses de taux ont récemment redynamisé les bourses européennes, mais des fluctuations sont possibles en fonction des annonces de la BCE.
Cette réduction de taux, bien que modeste, est perçue comme un geste symbolique. Selon Carsten Brzeski, économiste chez ING, « la BCE ne va pas baisser ses taux parce qu’elle doit le faire, mais parce qu’elle peut le faire ». Mabrouk Chetouane de Natixis souligne cependant que cette baisse de 0,25 point, seule, ne modifiera pas significativement la situation : les taux resteront élevés plus longtemps.
La suite de la politique monétaire de la BCE demeure incertaine. Bien que certains espéraient trois ou quatre baisses cette année, seuls deux assouplissements semblent probables désormais. Les économistes anticipent un taux de dépôt stabilisé à 2,5 % dans la deuxième moitié de 2025. La BCE devra également naviguer en tenant compte de la politique monétaire américaine, la Fed n’envisageant peut-être qu’une seule baisse de taux cette année.
La BCE amorce un cycle de desserrement monétaire attendu depuis longtemps, mais le contexte inflationniste et les perspectives économiques mondiales dictent une prudence accrue. Si cette première baisse marque une étape importante, la trajectoire future reste incertaine, influencée par des dynamiques complexes et interdépendantes.