Le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), Luis de Guindos, a exprimé ce lundi ses inquiétudes face à un possible dérapage budgétaire aux États-Unis, une situation qui pourrait accentuer les incertitudes économiques et peser sur la croissance dans la zone euro.
Lors d’une conférence bancaire à Francfort, M. de Guindos a souligné les défis posés par les politiques annoncées par le président élu Donald Trump. Avec une dette publique américaine atteignant près de 100 % du PIB et un déficit budgétaire avoisinant les 7 %, les promesses de réductions d’impôts couplées à un maintien des dépenses publiques suscitent des interrogations.
Une politique américaine à risque
Selon le banquier central, une telle orientation budgétaire pourrait entraîner une expansion du déficit, suscitant des turbulences sur les marchés financiers. « La perspective d’une politique budgétaire supplémentaire, ajoutée à un déficit public déjà élevé, inquiète les investisseurs », a-t-il averti.
Ces inquiétudes s’ajoutent aux effets de la politique inflationniste attendue sous le second mandat de Donald Trump, notamment via des droits de douane accrus et des réductions fiscales. Ces annonces ont déjà impacté le marché des devises, avec un dollar en nette hausse face à l’euro ces derniers jours.
Un glissement des priorités pour la BCE
M. de Guindos a également évoqué une évolution notable des préoccupations économiques en zone euro. « En un an, nous sommes passés de préoccupations liées à une inflation trop élevée à des craintes sur la faiblesse de la croissance », a-t-il déclaré.
Bien que le taux d’inflation en zone euro se rapproche de l’objectif idéal de 2 %, l’activité économique a déçu au dernier trimestre, contraignant la BCE à revoir ses prévisions économiques à deux reprises. La croissance reste freinée par des « vents contraires cycliques », aggravés par des défis structurels comme la faible productivité et une croissance potentielle limitée.
Un contexte international préoccupant
Les tensions géopolitiques et commerciales contribuent à entretenir cette incertitude. M. de Guindos a souligné le risque d’une intensification des tensions commerciales et d’événements extrêmes, sans pour autant les détailler. Ces éléments, a-t-il précisé, seront abordés dans le rapport semestriel sur la stabilité financière que la BCE publiera mercredi.
En conclusion, le vice-président de la BCE a insisté sur l’importance de surveiller ces risques globaux, qui pourraient à terme compliquer davantage les efforts de relance économique dans la zone euro.