Ce lundi 7 octobre 2024, Rachida Dati, ministre de la Culture, a lancé un programme inédit intitulé « Design des mondes forestiers » lors de sa visite au Moulin d’Eschviller, en Moselle. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’extension du programme « Design des territoires », une résidence de créateurs imaginée en 2021 par l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD). Alors que la ministre avait annoncé en janvier dernier l’ouverture de quatre nouveaux sites, ce sont finalement six « écoles de terrain » qui voient le jour.
Ces résidences visent à encourager la création artistique en milieu rural, en mêlant design, architecture et urbanisme. Pendant dix mois, six à huit jeunes professionnels travailleront en immersion dans le tissu local pour apporter des solutions concrètes aux problématiques des habitants, telles que la gestion des ressources ou l’amélioration de la qualité de vie. Le projet, porté par Emmanuel Tibloux, directeur des Arts Déco, ambitionne de créer un véritable « service public artistique », à contre-courant des cabinets de conseil traditionnels.
Outre Eschviller, d’autres sites explorent les spécificités de leur territoire : le Livradois-Forez pour les « mondes montagneux », Fontenay-sous-Bois pour les « mondes urbains », le Trégor-Goëlo pour les « mondes littoraux », et La Réunion pour les « mondes insulaires ». Ces initiatives s’inscrivent dans le plan « Culture et ruralité » lancé par Rachida Dati en juillet 2024, qui vise à valoriser la culture dans les zones rurales.
Cependant, si cette extension du programme est saluée, elle soulève également des critiques. Les écoles d’art régionales, souvent en difficulté financière, déplorent le manque de soutien de l’État. Des fermetures d’établissements sont déjà prévues, comme à Valenciennes et à Chalon-sur-Saône, et certaines formations sont suspendues faute de moyens. Le collectif « Écoles d’art et de design en lutte » alerte sur les suppressions de postes dans plusieurs écoles, notamment à Caen-Cherbourg et Reims.
Rachida Dati a affirmé que la question du financement des écoles d’art serait une priorité du budget 2025, soulignant l’importance de soutenir ces établissements pour pérenniser l’accès à la culture dans toutes les régions.
En fin de journée, la ministre a poursuivi sa visite au Centre International d’Art Verrier de Meisenthal, un autre exemple de réussite culturelle en milieu rural, avant de conclure son déplacement à Bouxwiller, où elle a rencontré des artistes en résidence, réaffirmant ainsi sa volonté de soutenir l’art et la culture dans les territoires éloignés des grandes métropoles.
Avec ce programme, la ministre semble vouloir prouver que le monde rural est loin d’être un désert culturel, mais la question demeure : les engagements seront-ils tenus en matière de formation et de financement pour les écoles d’art ?