Keir Starmer à Rome pour discuter immigration avec Giorgia Meloni : une stratégie controversée

Entrevue 1

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, s’est rendu à Rome le 16 septembre 2024 pour s’entretenir avec son homologue italienne, Giorgia Meloni, sur les stratégies de lutte contre l’immigration illégale. Cette rencontre survient au lendemain d’un nouveau naufrage tragique dans la Manche, qui a coûté la vie à huit migrants, portant à 46 le nombre de décès cette année.

Starmer, qui a rejeté le controversé plan du gouvernement conservateur précédent d’expulser des migrants vers le Rwanda, s’est dit intéressé par la méthode italienne. Meloni, à la tête du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, a en effet signé en novembre 2023 un accord avec l’Albanie pour créer des centres d’accueil des migrants sur le sol albanais, une solution qui a permis à l’Italie de réduire de façon significative les arrivées par la mer.

Lors de sa visite au Centre national de coordination sur la migration à Rome, Starmer a déclaré vouloir comprendre comment cette réduction a été obtenue. Il a souligné l’importance d’agir en amont, dans les pays d’origine des migrants, afin de prévenir les départs.

Quelques heures avant cette rencontre, Londres annonçait la création d’un commandement d’élite pour sécuriser ses frontières, une promesse de campagne du dirigeant travailliste, confronté à d’importantes émeutes dans le pays. Ces violences, qui ont éclaté peu après son élection en juillet 2024, ciblaient principalement les mosquées et les centres d’hébergement pour migrants.

Malgré la baisse des arrivées en Italie, l’accord avec l’Albanie a suscité des critiques, notamment au sein du Parti travailliste. La députée Kim Johnson a dénoncé le fait que Starmer « aille chercher des enseignements auprès d’un gouvernement néo-fasciste », faisant référence à l’orientation politique de Meloni. En revanche, Matteo Piantedosi, ministre de l’Intérieur italien, s’est félicité de l’intérêt du Premier ministre britannique pour le « modèle italien ».

Cet accord entre l’Italie et l’Albanie prévoit l’ouverture de deux centres pour migrants capables d’accueillir jusqu’à 3.000 personnes. Les demandeurs d’asile seront hébergés en Albanie en attendant le traitement de leur dossier, et ceux dont la demande sera rejetée seront renvoyés dans leur pays d’origine.

Toutefois, malgré ces accords, certaines organisations comme l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estiment que la réduction des flux migratoires ne peut pas être attribuée à une seule cause. De nombreux migrants ont simplement changé de route pour entrer en Europe, notamment via l’Afrique de l’Ouest ou les frontières terrestres orientales de l’UE, qui ont vu une forte augmentation des passages illégaux.

Ainsi, alors que l’Italie et le Royaume-Uni cherchent à renforcer leur coopération dans la lutte contre l’immigration illégale, les critiques demeurent, tant sur l’efficacité des mesures prises que sur leurs implications humanitaires.

Thumbnail