Karim Bouamrane bouscule la gauche en lançant son mouvement « La France humaine et forte »

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Le maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, a officiellement lancé son mouvement politique, « La France humaine et forte », lors d’un meeting au Stade Bauer, bastion du club de football Red Star, ce jeudi. Entouré de figures politiques de premier plan, dont l’ancien président de la République François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure, et la présidente de la région Occitanie Carole Delga, Bouamrane a dévoilé ses ambitions pour peser sur l’échiquier politique de gauche, avec en ligne de mire l’élection présidentielle de 2027.

Le mouvement de Bouamrane se veut une réponse aux crises internes de la gauche. « Il est temps de secouer l’aristocratie politique », a-t-il déclaré en visant ceux qu’il accuse de monopoliser le pouvoir au sein des centres urbains. Pour lui, la gauche doit se réinventer pour se reconnecter aux préoccupations des classes populaires. Il a dénoncé le manque de diversité lors des discussions autour de la candidature de Lucie Castets à Matignon, marquant ainsi sa rupture avec une gauche élitiste déconnectée des réalités sociales.

Un mouvement qui intrigue et divise au sein du PS

Si Karim Bouamrane semble avoir rallié plusieurs poids lourds de la social-démocratie, certains cadres du PS se montrent plus sceptiques. Olivier Faure, bien que présent à l’événement, a lancé un avertissement à Bouamrane, lui conseillant de faire preuve de discipline et d’éviter de diviser la gauche. « Je n’ai rien contre les ambitions, mais à un moment, il faudra choisir celui ou celle qui est le mieux placé pour l’emporter », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de l’unité dans la perspective de 2027.

Malgré ces réserves, Bouamrane a gagné en visibilité ces derniers mois, au point d’être pressenti pour occuper le poste de Premier ministre, un rôle finalement attribué à Michel Barnier. Ses proches défendent un parcours exemplaire, celui d’un homme issu des quartiers populaires devenu maire d’une ville de plus de 50 000 habitants. Pour ses soutiens, sa trajectoire incarne une « success story » à gauche, en dépit des critiques émanant de certaines figures du PS qui jugent son initiative solitaire et narcissique.

« Sortir de la radicalité » : une nouvelle vision pour la gauche

Lors de son discours, Bouamrane a fermement critiqué la stratégie de la France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon, qu’il accuse de diviser la gauche. « Il est temps de sortir de cette radicalité qui ne mène à rien », a-t-il martelé, appelant à un compromis et à un retour à une gauche réformiste, « pro-européenne, sociale et écologique ». Son objectif : rassembler les différentes sensibilités de gauche sous un projet commun, loin des divisions internes qui ont marqué les dernières années.

Ce nouveau positionnement le place en concurrence directe avec d’autres figures de la gauche, notamment Raphaël Glucksmann, qui partage une vision similaire. Glucksmann et Bouamrane incarnent cette frange du PS qui veut refonder une gauche « enthousiaste et humaniste », à l’écart de la ligne dure de la France insoumise.

Un espace politique saturé à gauche

Bouamrane n’est pas seul à vouloir occuper cet espace politique. Entre les mouvements de Carole Delga, de Bernard Cazeneuve, et de Glucksmann, la gauche est morcelée. La multiplication des initiatives inquiète certains observateurs, qui craignent une cacophonie nuisible à l’unité. Mais Bouamrane voit dans cette diversité une force. « La dynamique à gauche doit se jouer aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des partis », a-t-il affirmé, estimant que cette multiplicité de mouvements peut renforcer la gauche en vue des prochaines échéances électorales.

Reste à savoir si ces ambitions pourront se concrétiser. La route vers 2027 s’annonce complexe, mais Bouamrane, avec son nouveau mouvement, espère bien y jouer un rôle central.

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