Ce lundi 4 novembre 2024, au prestigieux restaurant Drouant à Paris, Kamel Daoud a raflé le tant convoité Prix Goncourt avec son roman percutant « Houris ». Une consécration qui ne laisse personne indifférent et qui marque le triomphe d’un écrivain engagé, n’hésitant pas à braver les interdits pour faire entendre sa voix.
C’est avec six voix dès le premier tour que Kamel Daoud a écrasé la concurrence, laissant sur le carreau des poids lourds comme Gaël Faye (« Jacaranda »), Sandrine Collette (« Madelaine avant l’aube ») et Hélène Gaudy (« Archipels »). Une victoire nette et sans bavure pour l’auteur algérien qui avait déjà frôlé le Graal en 2014 avec « Meursault, contre-enquête ».
« Houris » : le roman qui dérange
Dans « Houris », Kamel Daoud plonge au cœur de la décennie noire algérienne, période sombre et violente des années 90. À travers le récit poignant d’Aube, une survivante mutilée enceinte, il met en lumière les atrocités commises et le silence pesant qui les entoure. Un sujet brûlant qui a valu à l’Algérie d’interdire le Salon international du livre d’Alger aux éditions Gallimard, l’éditeur de Daoud. Mais rien n’arrête l’écrivain au franc-parler légendaire !
Visé par une fatwa en 2014, Kamel Daoud n’en est pas à sa première controverse. Chroniqueur acerbe et journaliste courageux, il n’hésite pas à dénoncer les injustices, quitte à s’attirer les foudres des autorités. Dernièrement, il soutenait ouvertement Ahou Daryaei, une étudiante iranienne ayant défié le régime en se dévoilant devant son université.
En couronnant Daoud, le jury du Goncourt envoie un message fort. Face aux tentatives de censure et aux pressions politiques, ils affirment leur soutien indéfectible à la liberté d’expression. Un pied de nez retentissant à ceux qui voudraient faire taire les voix dissidentes !
Après deux années consécutives de déception, la maison Gallimard reprend du poil de la bête en décrochant le Goncourt 2024. Une bouffée d’oxygène pour l’éditeur qui avait vu ses auteurs s’incliner en finale en 2022 et 2023. La roue tourne !
Kamel Daoud : un parcours hors norme
Né en 1970 à Mostaganem, Kamel Daoud a débuté comme journaliste, couvrant les horreurs de la guerre civile algérienne. Malgré les menaces et les insomnies, il n’a jamais cessé d’écrire, convaincu que « le journalisme est essentiel mais ne suffira jamais à raconter une guerre ». Sa plume incisive et son courage lui ont valu de multiples distinctions, et aujourd’hui, la consécration suprême.
Si « Houris » dénonce avec force les atrocités du passé, Kamel Daoud y insuffle également une note d’espoir. « J’écris sur comment on sort de la guerre, pas seulement sur la guerre elle-même », confiait-il récemment. Un récit cathartique qui invite à la résilience et à la reconstruction.
En récompensant Kamel Daoud, le Prix Goncourt 2024 prend une dimension particulière. Plus qu’une simple distinction littéraire, c’est un acte fort en faveur de la liberté d’expression et du courage intellectuel. Une chose est sûre, on n’a pas fini d’entendre parler de Kamel Daoud !