Kamel Daoud défend son roman face aux accusations d’une plaignante algérienne

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Le romancier franco-algérien Kamel Daoud, récemment lauréat du prix Goncourt pour son ouvrage Houris, a réfuté les accusations portées contre lui par une Algérienne affirmant que des éléments de sa vie privée avaient été utilisés dans le roman. L’écrivain a déclaré mercredi, lors d’une intervention sur France Inter, que l’histoire évoquée était « publique ».

Après avoir reçu le prestigieux prix littéraire début novembre, Kamel Daoud a fait l’objet d’une plainte déposée par Saâda Arbane, qui affirme que l’héroïne de Houris est directement inspirée de sa propre histoire. Cette femme, rescapée d’une tentative d’égorgement par des jihadistes en 1999, a expliqué dans une interview accordée à la chaîne algérienne One TV que l’écrivain avait accès à des détails de sa vie personnelle via son épouse, qui était sa psychiatre.

« J’allais chez elle en consultation », a-t-elle confié, précisant : « Tout le monde sait que je ne veux pas parler de cette histoire. C’est quelque chose qui me perturbe dans ma vie ».

Une histoire « publique » selon Kamel Daoud

L’écrivain a rejeté ces accusations, affirmant que « tout le monde connaît son histoire en Algérie, et surtout à Oran ». Il a également précisé que la mère adoptive de la plaignante était une ancienne ministre de la Santé algérienne qui avait elle-même largement relaté cette histoire. « Mon roman n’a rien à voir avec cette femme-là. Il n’y a aucun secret médical dans ce livre », a déclaré Kamel Daoud.

Interrogé sur l’hypothèse d’une manipulation politique, l’écrivain s’est montré affirmatif : « Ah mais totalement ». Selon lui, la plainte s’inscrit dans une campagne orchestrée contre lui par le régime algérien. Il a rappelé que dès la parution de son roman en août, des éditoriaux dans des journaux gouvernementaux parlaient d’un complot. « Je savais que je ne pouvais pas échapper à ça », a-t-il ajouté.

En plus de cette plainte, Kamel Daoud est visé par une autre action en justice initiée par des associations de victimes du terrorisme. L’écrivain estime que les deux affaires sont liées, qualifiant ces procédures de « même méthode ».

Houris, qui aborde des thèmes sensibles liés à la décennie noire en Algérie (1992-2002), ne peut pas être édité dans le pays. Une loi interdit en effet toute publication évoquant cette période, marquée par un conflit sanglant ayant fait au moins 200 000 morts selon les chiffres officiels.

Malgré les polémiques, Kamel Daoud reste fermement attaché à son œuvre. Il affirme que son roman, loin d’être un portrait réel, est une fiction qui explore des questions universelles et historiques, et non une reproduction fidèle de vies individuelles.

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