Justice pour Thomas : le combat d’un collectif face aux fractures de la France
Un an après la tragédie qui a coûté la vie à Thomas, un jeune rugbyman de 16 ans, poignardé lors d’un bal à Crépol, le collectif Justice pour les nôtres se mobilise pour rappeler ce drame et mettre en lumière les enjeux sécuritaires et migratoires qu’il considère au cœur de ce fait divers. Leur initiative de rassemblement, prévue le 30 novembre à Romans-sur-Isère, suscite une vive controverse et reflète un clivage profond dans une France en quête de sens face à ses fractures sociales.
Le 18 novembre 2023, Thomas perdait tragiquement la vie lors d’une altercation violente dans un bal de la Drôme des collines. L’émotion fut nationale, et les regards se sont rapidement tournés vers le quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, d’où sont originaires les principaux suspects. Ce meurtre, pour Justice pour les nôtres, dépasse le cadre du simple fait divers : il est devenu, selon eux, un « fait politique », révélateur des conséquences dramatiques d’une politique migratoire qu’ils jugent irresponsable.
Le collectif, formé en septembre dernier par des militants issus d’associations identitaires, a choisi de commémorer l’anniversaire du drame par un rassemblement dénonçant « l’immigration massive » et ses impacts sur la sécurité. « Nous voulons rendre hommage à Thomas et à toutes les victimes de l’immigration », explique Raphaël Ayma, porte-parole du collectif, qui insiste sur le caractère pacifique et légal de leur initiative.
Des oppositions frontales et judiciaires
La démarche du collectif a toutefois suscité de vives oppositions, notamment de la part de deux avocats, Mes Bilel Hakkar et Élise Rey-Jacquot, qui défendent plusieurs des mis en cause dans l’affaire. Ces derniers ont déposé plainte pour « provocation à la haine raciale » et « injures publiques discriminatoires », dénonçant une « instrumentalisation du drame pour attiser les tensions raciales ».
Les deux conseils font également état de menaces en ligne, qu’ils attribuent aux sympathisants du collectif. « Un envahisseur et une collabo », « un avocat communautaire », peut-on lire parmi les commentaires sur les réseaux sociaux. De leur côté, les membres de Justice pour les nôtres réfutent toute incitation à la violence, affirmant que leur mouvement se veut une réponse citoyenne à un sentiment d’insécurité grandissant dans le pays.
Un contexte politique et social explosif
Dans la Drôme, les tensions sont palpables. À Crépol, le vote pour le Rassemblement national a doublé en deux ans, un phénomène accentué par le meurtre de Thomas, qui a marqué durablement les esprits. « Avant, c’était honteux de voter RN. Aujourd’hui, c’est devenu un réflexe face à l’insécurité », confie Laurine, infirmière dans le village.
À Romans-sur-Isère, certains habitants se disent exaspérés par ce qu’ils perçoivent comme une montée de l’extrême droite, mais d’autres applaudissent l’initiative de Justice pour les nôtres, qu’ils voient comme une réponse légitime à leurs préoccupations. « C’est logique de soutenir ceux qui défendent nos valeurs et notre sécurité », estime Didier, un habitant de la région.
Le rassemblement du 30 novembre reste pour l’instant non autorisé par la préfecture, mais il n’a pas été interdit non plus. Les militants du collectif continuent de tracter dans la région pour mobiliser les habitants, convaincus que cette initiative est nécessaire pour « réclamer justice et sensibiliser aux enjeux de l’immigration ».
« Nous refusons que la mémoire de Thomas soit oubliée ou minimisée », martèle Raphaël Ayma. Pour le collectif, il ne s’agit pas seulement de commémorer, mais de poser un acte fort, témoignant d’une volonté de réveiller les consciences face à ce qu’ils considèrent comme un « déni de réalité ».
Un affrontement de visions pour l’avenir
Alors que des contre-manifestations s’organisent et que la gauche locale appelle à faire annuler le rassemblement, la mobilisation du 30 novembre s’annonce comme un test de force entre deux visions opposées de la société. L’une, portée par Justice pour les nôtres, revendique une prise de position identitaire et sécuritaire. L’autre, incarnée par des collectifs de gauche, milite pour une cohabitation apaisée, dénonçant toute récupération politique de ce drame.
Dans cette France divisée, l’histoire de Thomas résonne comme un miroir des tensions profondes, où justice et mémoire deviennent des enjeux de lutte pour deux camps aux ambitions irréconciliables.