Jour férié à supprimer : Le 11 novembre écarté, le 8 mai en question ?

11 novembre, 2024 / Entrevue

Le débat autour de la suppression d’un jour férié en France prend une nouvelle ampleur, alors que le gouvernement envisage cette mesure pour générer des économies, notamment pour la Sécurité sociale. Le président général du Souvenir français, Serge Barcellini, réagit en défendant fermement l’intouchabilité du 11 novembre, journée commémorative de l’Armistice de 1918, qui rend hommage aux anciens combattants depuis 1922. À ses yeux, cette date a une portée symbolique majeure, d’autant que sous la présidence de Nicolas Sarkozy, elle a été élargie pour inclure la mémoire des soldats tombés lors d’opérations extérieures (OPEX).

Face à ce consensus sur le 11 novembre, le 8 mai, qui commémore la victoire de 1945, pourrait représenter une option alternative. Serge Barcellini rappelle que ce jour férié a été sujet à de multiples changements au fil des décennies, devenant un jour férié officiel en 1954 avant d’être supprimé par le général de Gaulle en 1959, puis réinstauré par François Mitterrand en 1981. Toutefois, avec le 80e anniversaire de la victoire sur le nazisme en 2025, une suppression du 8 mai semble peu probable.

Un impact économique estimé à plusieurs milliards d’euros

L’idée de supprimer un jour férié est soutenue par certains membres du gouvernement et des députés de la majorité pour contribuer au redressement des finances publiques. La mise en place d’une seconde journée de solidarité, similaire à celle instaurée en 2004 pour financer l’autonomie des personnes âgées et handicapées, pourrait rapporter environ 3,3 milliards d’euros à la Sécurité sociale. Actuellement, cette première journée de solidarité génère 3,42 milliards d’euros par an via une contribution équivalant à 0,3 % de la masse salariale brute des entreprises, ainsi qu’une réduction de 0,3 % des pensions des retraités imposables.

Cependant, les effets économiques et sociaux d’une telle mesure restent incertains. En 2020, un rapport pointait que l’augmentation du temps de travail pourrait inciter les entreprises à limiter leurs recrutements, réduisant ainsi l’impact sur la croissance du PIB. Les précédents montrent également les risques d’une telle réforme, notamment en termes de confusion pour les entreprises, comme lors de la mise en place du lundi de Pentecôte en 2004. Cette mesure avait alors engendré des disparités entre le public et le privé, provoquant critiques et rétropédalage en 2008, lorsqu’il a été décidé de laisser chaque entreprise choisir la date de la journée de solidarité.

Les jours fériés en France dans le contexte européen

La France compte 11 jours fériés annuels, se plaçant dans la moyenne européenne. Comparativement, les habitants du Royaume-Uni et des Pays-Bas en ont 8, tandis que Chypre et la Slovaquie en comptent 15. En additionnant les jours fériés aux 25 jours de congés payés légaux, la France figure cependant parmi les pays européens offrant le plus de jours de repos (36 jours au total), aux côtés de l’Autriche, la Finlande et l’Estonie.

Malgré cette quantité de jours non travaillés, le volume d’heures travaillées annuellement par les Français reste dans la moyenne européenne. En 2022, la durée hebdomadaire de travail était de 36,2 heures, légèrement au-dessus de celle de l’Allemagne (34,6 heures) et proche de l’Italie. En comparaison avec les années avant le passage aux 35 heures, où les Français travaillaient 1 950 heures par an, ce volume a baissé, mais la France demeure dans la moyenne européenne.

En somme, la suppression d’un jour férié se révèle être un sujet complexe et sensible, aux conséquences économiques et sociales importantes. Si elle permettrait des économies substantielles pour la Sécurité sociale, son adoption nécessiterait des arbitrages délicats, tant en termes de calendrier que de gestion des différences entre les secteurs public et privé.