Jordan Bardella menace de censure : la hausse du budget de l’AME, une ligne rouge pour le RN

21 octobre, 2024 / Entrevue

Sur le plateau de CNews, Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), a vivement critiqué le projet de loi de finances 2025 présenté par le gouvernement de Michel Barnier. Il a pointé du doigt des mesures qu’il juge « incohérentes et injustes », menaçant de déposer une motion de censure si certaines « lignes rouges » étaient franchies.

Parmi ces points de rupture, la hausse du budget de l’aide médicale d’État (AME) figure en première ligne. Ce dispositif, qui permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier de soins gratuits sous conditions de ressources, verrait son enveloppe budgétaire augmenter de 100 millions d’euros, passant de 1,2 à 1,3 milliard d’euros, soit une hausse de 8%. Bardella qualifie cette augmentation de « motif de colère et d’injustice pour des millions de Français », estimant que cette mesure intervient alors que le pouvoir d’achat des classes populaires est fragilisé par d’autres augmentations, comme celle de la taxe sur l’électricité.

Face à la polémique, Matignon a annoncé qu’un amendement serait déposé pour geler cette hausse. Jordan Bardella s’est félicité de cette reculade, la considérant comme une victoire de son parti et la preuve de l’utilité des 143 députés RN à l’Assemblée nationale. Il a toutefois insisté sur le fait que l’avenir du budget reste incertain, notamment concernant d’autres mesures fiscales qu’il juge défavorables aux Français.

Le président du RN a également critiqué d’autres aspects du budget 2025, dénonçant un « matraquage fiscal » qui pénaliserait aussi bien les automobilistes que les épargnants, tout en augmentant le coût du travail. Pour lui, ce projet « fait les poches de la France du travail » et fragilise encore davantage les classes moyennes et populaires.

Jordan Bardella appelle plutôt à faire des économies dans les dépenses publiques, en limitant par exemple les budgets des agences de l’État et en luttant plus fermement contre la fraude sociale. Il a réitéré sa proposition d’instaurer une carte vitale biométrique pour limiter les fraudes, jugeant que cette mesure pourrait « permettre de faire beaucoup d’économies ».

Si le gouvernement persiste avec des choix budgétaires qu’il juge inacceptables, Bardella laisse planer la menace d’une censure parlementaire. « Si des lignes rouges étaient franchies, le gouvernement s’exposerait à une censure de notre part », a-t-il prévenu, laissant ainsi la porte ouverte à une alliance stratégique avec la gauche sur ce terrain.

L’examen du budget 2025 commence ce lundi 21 octobre à l’Assemblée nationale, avec au programme 60 milliards d’euros d’économies et 20 milliards de nouvelles recettes fiscales. Une bataille politique s’annonce, avec des lignes de fracture déjà bien dessinées entre la majorité de Michel Barnier et l’opposition.