Le metteur en scène Joël Pommerat, figure majeure du théâtre contemporain français, a annoncé lundi 20 janvier son refus de la Légion d’honneur. Promu au grade de chevalier dans le contingent de la ministre de la Culture Rachida Dati, l’artiste de 61 ans a expliqué sa décision dans un communiqué transmis à l’AFP. « J’ai appris avec surprise avoir été promu au grade de chevalier de la Légion d’honneur. Je suis sincèrement touché qu’on ait pensé à moi, et je suis désolé de devoir décliner », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Cette forme d’honneur, symboliquement une récompense individuelle de l’État, n’est pas compatible, selon moi, avec la recherche d’indépendance nécessaire à ceux et celles qui écrivent sur la société et le monde d’aujourd’hui. »
Un défenseur du théâtre public
Joël Pommerat est connu pour son engagement en faveur du théâtre public et sa capacité à toucher un large public tout en explorant des thématiques profondes et universelles. Ses œuvres, telles que Cendrillon ou La Réunification des deux Corées, ont connu un succès critique et ont été jouées à travers le monde. Son dernier projet, Marius, une adaptation de Marcel Pagnol développée lors d’ateliers en prison, est actuellement en tournée en France.
L’artiste rejoint ainsi la liste de nombreuses personnalités ayant refusé cette distinction, parmi lesquelles Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou encore Claude Monet. À travers son choix, il réaffirme son attachement à une vision libre et indépendante de la création artistique.
Une décision qui s’inscrit dans une tradition de refus
Le refus de Joël Pommerat n’est pas isolé. La semaine dernière, l’autrice et réalisatrice Marjane Satrapi avait également décliné la Légion d’honneur, dénonçant « une attitude hypocrite de la France vis-à-vis de l’Iran ». Parmi les artistes et intellectuels ayant décliné cette distinction, on compte des figures comme Albert Camus, Marie Curie ou Louis Aragon, qui ont souvent invoqué des raisons éthiques ou des principes de cohérence personnelle.
En refusant cette récompense, Joël Pommerat s’inscrit dans une tradition de défense de l’intégrité artistique face à une distinction symbolisant, selon ses mots, « une récompense individuelle de l’État ». Un geste fort qui résonne dans le monde de la culture, rappelant que l’art peut être à la fois engagé et libre.