Joël Le Scouarnec : L’ex-chirurgien renvoyé devant la cour criminelle pour des faits de pédocriminalité

30 septembre, 2024 / Entrevue

Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien digestif aujourd’hui âgé de 73 ans, devra répondre devant la justice pour des actes de pédocriminalité. Ce lundi 30 septembre 2024, le procureur de la République de Lorient, Stéphane Kellenberger, a confirmé son renvoi devant la cour criminelle du Morbihan, où il sera jugé pour des faits de viols et agressions sexuelles commis sur 299 victimes, principalement des mineurs de moins de quinze ans.

Les crimes reprochés à Joël Le Scouarnec remontent à plusieurs décennies, avec des faits datant de 1986. La plupart des victimes étaient des patients d’hôpitaux situés dans l’ouest de la France, notamment en Bretagne, à Vannes, Lorient, Malestroit, et Quimperlé. En tout, 300 faits distincts ont été recensés dans l’ordonnance de mise en accusation, un dossier d’une ampleur exceptionnelle.

Un passif judiciaire lourd

Ce n’est pas la première fois que Joël Le Scouarnec fait face à la justice. En 2020, il avait déjà été condamné à 15 ans de prison par la cour d’assises de Charente-Maritime, à huis clos, pour des viols et agressions sexuelles commis sur quatre mineures : deux de ses nièces, une ancienne patiente, et une petite voisine. Cette condamnation avait été confirmée en appel.

En 2005, il avait également été condamné pour détention d’images pédopornographiques après avoir été repéré par le FBI pour l’achat de vidéos mettant en scène des enfants. Il avait écopé de quatre mois de prison avec sursis, sans interdiction d’exercer ni obligation de soins. À l’époque, malgré une alerte lancée en 2006 par un collègue, ni l’Ordre des médecins, ni les autorités hospitalières n’avaient pris les mesures nécessaires pour empêcher Joël Le Scouarnec de continuer à travailler.

Le jugement à venir

La cour criminelle devant laquelle Joël Le Scouarnec sera jugé se compose uniquement de magistrats professionnels, une spécificité par rapport à la cour d’assises. Cette instance est compétente pour juger les crimes punis de 15 à 20 ans de réclusion criminelle. Le procès à venir dans le Morbihan s’annonce comme une nouvelle étape dans ce dossier hors norme, et pourrait enfin permettre à des centaines de victimes de voir leur agresseur jugé.

Les révélations sur l’inaction des autorités face à ces signalements soulèvent des interrogations sur les dysfonctionnements des institutions de santé et de justice, qui n’ont pas su réagir à temps pour protéger les jeunes victimes.