Joe Biden a frappé un grand coup en bloquant la vente de U.S. Steel, fleuron de l’industrie sidérurgique américaine, au géant japonais Nippon Steel. Le président américain justifie sa décision par des enjeux de sécurité nationale, estimant que placer une entreprise stratégique sous contrôle étranger fragiliserait les chaînes d’approvisionnement essentielles des États-Unis.
Le rachat, évalué à 15 milliards de dollars, incluait pourtant des garanties substantielles : un programme d’investissement de 2,7 milliards de dollars, des promesses de maintien de l’emploi et une prime de 5.000 dollars pour chaque salarié d’U.S. Steel. Malgré cela, Biden a préféré donner la priorité à la souveraineté industrielle nationale, une posture soutenue par le puissant syndicat United Steelworkers, qui a salué “une décision vitale pour préserver une sidérurgie forte et américaine”.
Ce veto s’inscrit dans une logique protectionniste assumée. En renforçant les fondations industrielles des États-Unis, Joe Biden mise sur le patriotisme économique pour séduire les ouvriers et syndicats, en particulier en Pennsylvanie, un État stratégique sur le plan électoral. Ce geste résonne également comme une réponse ferme face à la concurrence mondiale, dominée par la Chine.
Le Japon, par la voix de son ministre de l’Industrie, Yoji Muto, a vivement réagi, qualifiant la décision de “regrettable” et de “malvenue”. Cette décision pourrait compliquer les relations entre les deux alliés, à un moment où Washington cherche à renforcer ses partenariats en Asie face à Pékin.
Pour autant, ce choix protectionniste s’aligne sur une doctrine partagée par Donald Trump, qui retrouvera la Maison-Blanche le 20 janvier prochain. Trump avait également promis de bloquer ce rachat, fidèle à son engagement en faveur d’une souveraineté économique renforcée. En cela, Biden et Trump se rejoignent sur l’idée que l’acier américain est un pilier stratégique à préserver coûte que coûte.
Les marchés, eux, n’ont pas tardé à réagir : l’action de U.S. Steel a chuté de près de 7 % à Wall Street. Nippon Steel, de son côté, envisage des recours juridiques, dénonçant une décision “purement politique”. En attendant, l’avenir des sites industriels comme Granite City reste incertain, alimentant les inquiétudes des travailleurs et des élus locaux.
Ce veto marque une rupture claire avec le libre-échange à tout prix et illustre une volonté croissante des États-Unis de protéger leurs intérêts stratégiques. Une démarche souverainiste qui, dans le contexte d’une économie mondiale toujours plus compétitive, pourrait inspirer d’autres nations occidentales en quête de résilience industrielle.