En pleine effervescence autour des politiques de laïcité en France, le député socialiste Jérôme Guedj s’est démarqué en organisant un débat à l’Assemblée nationale. Son objectif était double : mettre en lumière les lacunes de la politique gouvernementale tout en marquant sa différence avec La France insoumise, notamment sur la question de l’islamisme.
Critiqué tant par le centre gauche pour ses accointances passées avec la Nouvelle Union populaire écologique et sociale que par Jean-Luc Mélenchon pour ses positions sur le conflit israélo-palestinien, Guedj se retrouve désormais dans une position de combat singulier. Refusant d’être réduit à une identité de « juif de gauche », il revendique un universalisme que La France insoumise aurait selon lui abandonné.
De l’amour à la haine il n’y a qu’un pas surtout lorsqu’il s’agit de personnalités politiques telles que Jean-Luc Mélenchon et Jérôme Guedj. Leur relation, autrefois marquée par l’amour et le mentorat, a lentement dérivé vers la haine au fil des années. Au début des années 90, Mélenchon, jeune sénateur, prend Guedj, vingt ans son cadet, sous son aile, le formant dans les arcanes de la politique. Mais en 2008, Mélenchon quitte le Parti Socialiste, entraînant une rupture avec Guedj qui refuse la scission. Une décision qui crée une brèche dans leur relation, laissant place à quatorze ans de silence. Malgré une brève réconciliation en 2022 au sein de la Nupes, leurs divergences ressurgissent rapidement. Les débats sur le conflit israélo-palestinien creusent un fossé irréconciliable : Mélenchon prône une radicalité antisioniste et pro palestinienne tandis que Guedj opte pour une approche plus conciliante. Leur différend atteint son paroxysme lorsque Guedj remet en question les positions de Mélenchon sur Israël décrites comme antisemites par les observateurs , déclenchant une série d’accusations et de contre-accusations. Aujourd’hui, il semble que l’amour qui unissait autrefois ces deux hommes se soit transformé en une profonde animosité.
Le débat à l’Assemblée a mis en lumière les divergences profondes entre socialistes et insoumis sur la question de la laïcité. Tandis que Guedj cherchait à défendre une laïcité équilibrée, Ersilia Soudais, députée insoumise, a rejeté l’idée même du débat, accusant la laïcité d’être utilisée comme un outil d’islamophobie.
Pourtant, le débat n’a pas seulement opposé socialistes et insoumis. Le Rassemblement national a également tenté de tirer son épingle du jeu en réclamant une laïcité plus stricte, allant jusqu’à proposer l’interdiction des signes religieux dans les activités scolaires liées à l’Éducation nationale.
Mais si les critiques ont fusé de toutes parts, le gouvernement n’a pas non plus brillé par sa clarté et son efficacité. La secrétaire d’État à la citoyenneté, Sabrina Agresti-Roubache, a souligné des avancées depuis 2017, mais a omis de mentionner les failles, notamment en matière de formation des agents publics.
Le débat a aussi révélé l’absence d’indicateurs clairs pour évaluer l’ampleur du phénomène de non-respect de la laïcité. Cette lacune a été regrettée par le politologue Patrick Weil, soulignant ainsi le caractère encore balbutiant de la politique publique en la matière.
Au final, si le débat n’a peut-être pas apporté toutes les réponses attendues, il a au moins eu le mérite de mettre en lumière les divergences politiques et les enjeux autour de la laïcité en France. Jérôme Guedj, malgré sa position solitaire, a réussi à tracer un sillon entre les postures politiques opportunistes du gouvernement et les excès idéologiques des insoumis.