Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères : une ascension fulgurante

Entrevue 1

À 41 ans, Jean-Noël Barrot est pressenti pour prendre la tête du Quai d’Orsay, un poste clé de la diplomatie française, traditionnellement sous l’influence directe du président. Si cette nomination se confirme, cet économiste diplômé d’HEC et ancien enseignant au MIT aura connu une ascension rapide au sein du paysage politique français. Député MoDem des Yvelines depuis 2017, réélu après la dissolution de l’Assemblée nationale, Barrot est devenu ministre délégué à la Transition numérique en 2022, avant d’être promu ministre des Affaires européennes dans le gouvernement d’Attal en janvier 2024.

Cette trajectoire n’est pas surprenante pour ce fils de Jacques Barrot, ancien vice-président de la Commission européenne, qui a grandi dans un environnement marqué par l’engagement européen. Considéré comme pédagogue, posé et modéré, il a su se faire une place en se montrant ouvert et à l’écoute, même de ses opposants. Aurélien Taché, député LFI et membre de la Commission des Affaires étrangères, reconnaît son caractère « non sectaire » et sa capacité à dialoguer avec les différentes forces politiques.

Tout comme Sébastien Lecornu, qui conserve son portefeuille de ministre des Armées, Jean-Noël Barrot doit en partie sa montée en grade à ses bonnes relations avec la famille politique de Michel Barnier. Pourtant, il reste à voir quelle marge de manœuvre il aura à la tête du ministère des Affaires étrangères, une fonction qui a vu passer des ministres effacés sous la présidence d’Emmanuel Macron, comme Catherine Colonna ou Stéphane Séjourné. Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po, note que le président a souvent tendance à choisir des personnalités qui ne risquent pas de faire de l’ombre à son propre rôle sur la scène internationale. Cette stratégie a parfois laissé le corps diplomatique français perplexe, d’autant plus depuis la réforme controversée du ministère des Affaires étrangères par Macron.

Les défis pour Barrot seront nombreux. De la guerre à Gaza, où la France plaide en vain pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, à la guerre en Ukraine et aux revers diplomatiques en Afrique, les priorités ne manquent pas. La situation en Ukraine notamment, où les initiatives françaises n’ont pas encore abouti à des résultats concrets, sera un test décisif. Le député Aurélien Taché insiste sur l’urgence de trouver une solution diplomatique entre la Russie et l’Ukraine. Bertrand Badie, de son côté, s’interroge sur la vision internationale que Jean-Noël Barrot portera au-delà de l’Europe, rappelant que cette vision dépendra en grande partie de l’influence d’Emmanuel Macron.

Dans un contexte international aussi tendu, la capacité de Jean-Noël Barrot à s’affirmer sur ces dossiers cruciaux sera déterminante pour l’avenir de la diplomatie française.

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