Jean Echenoz revient avec « Bristol », un roman entre satire et burlesque

Entrevue 1

Jean Echenoz, auteur récompensé du prix Goncourt en 1999, poursuit son exploration des destins de personnages aussi ratés qu’attachants. Cinq ans après Vie de Gérard Fulmard, il signe Bristol, publié aux éditions de Minuit le 2 janvier 2025. Cette fois, il met en scène Robert Bristol, un réalisateur malchanceux dont le dernier film a sombré dans l’indifférence générale. Son quotidien bascule lorsqu’un corps chute devant chez lui, un incident qui l’intrigue à peine tant il est absorbé par les préparatifs d’un nouveau tournage en Afrique. Entre contraintes imposées par la production et aléas du tournage, rien ne se déroule comme prévu. L’échec du film plonge Bristol dans un profond désarroi, qu’il tente d’oublier en se réfugiant en province.

Avec son style inimitable, oscillant entre la farce et le roman noir, Echenoz peuple son récit d’une galerie de personnages singuliers. On y croise une actrice sur le déclin, un policier mêlé à l’affaire du défénestré, ou encore un commandant africain passionné de cinéma, qui évolue de mentor à squatteur envahissant. Le récit se déploie de façon chaotique, sautant d’un événement à l’autre avec une logique propre à l’auteur, qui multiplie les trouvailles stylistiques et les ruptures de ton. Comme souvent chez Echenoz, l’intrigue semble secondaire face à l’exercice littéraire et aux jeux de langage qui jalonnent le roman.

Si Bristol séduit par son humour grinçant et son regard caustique sur le monde du cinéma, il pousse aussi à l’extrême les procédés d’écriture chers à l’auteur. Les digressions, clins d’œil littéraires et interventions du narrateur rythment le texte, faisant parfois passer l’intrigue au second plan. Ce parti pris, qui amuse autant qu’il peut dérouter, renforce néanmoins l’identité singulière de l’œuvre. Jean Echenoz signe ainsi un roman foisonnant, à la fois ironique et virtuose, qui ne manquera pas de ravir les amateurs de son style.

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