Jean Castex reconduit pour cinq ans à la tête de la RATP : un mandat placé sous le signe des défis

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Jean Castex a été renouvelé mercredi pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de la RATP, après près de deux ans de gestion marqués notamment par le succès du transport des spectateurs lors des Jeux olympiques de Paris 2024. L’ancien Premier ministre, qui avait pris la présidence de la régie de transports publics en novembre 2022 après la démission de Catherine Guillouard, a obtenu un large soutien des parlementaires. Malgré la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier et un changement de majorité, sa reconduction a été approuvée par 30 voix contre 6 et 9 abstentions à l’Assemblée, après une validation par 39 voix au Sénat la semaine précédente.

Durant son mandat, Jean Castex a dû relever de nombreux défis. Lorsqu’il a pris les rênes de la RATP, l’entreprise traversait une crise profonde. Le manque de conducteurs de bus paralysait un quart des véhicules, 10 % des métros étaient également à l’arrêt, et les grèves liées à l’ouverture du marché à la concurrence ainsi qu’un absentéisme élevé compliquaient encore la situation. Conscient de ces enjeux, Jean Castex s’est rapidement attelé à renouer le dialogue avec les syndicats. Ses efforts ont porté leurs fruits, en particulier avec le soutien de FO, l’un des syndicats les plus influents au sein de l’entreprise, qui a appelé à son maintien à la présidence.

En parallèle, il a lancé des campagnes de recrutement massives pour résoudre les pénuries de conducteurs, permettant ainsi à la qualité de service de revenir à un niveau satisfaisant à l’approche des Jeux olympiques, un événement crucial pour l’image de la RATP. Cette épreuve internationale a été un test majeur que l’entreprise a réussi à relever avec brio, assurant le transport de millions de spectateurs sans incidents notables. Lors de son audition à l’Assemblée, Castex a néanmoins rappelé la difficulté de maintenir un tel niveau d’efficacité toute l’année, comparant les JO à un sprint et la gestion quotidienne des transports à un marathon : « On peut faire un sprint sur 400 ou 500 mètres, mais c’est beaucoup plus difficile de le faire sur 50 kilomètres », a-t-il expliqué.

Malgré ce succès, de nombreux défis attendent Jean Castex et la RATP dans les prochaines années. Le réseau est en pleine transition, avec des travaux de modernisation qui doivent encore être achevés, tandis que les habitants de la région parisienne rencontrent de plus en plus de difficultés pour circuler en voiture. Il a insisté sur la nécessité de « faire œuvre de pédagogie » auprès des usagers pour leur expliquer les raisons des désagréments causés par ces travaux et par la réorganisation en cours du réseau.

L’un des défis les plus sensibles à venir est l’ouverture à la concurrence, qui se rapproche à grands pas. Plusieurs lots de bus seront ouverts à la compétition dans les prochaines années, et Jean Castex devra gérer cette transition tout en s’assurant que la RATP reste compétitive. Cette nouvelle étape marquera une transformation majeure pour la régie, qui devra adapter son organisation et ses pratiques pour rester un acteur central du transport en Île-de-France. À l’aube de ce nouveau mandat, Jean Castex se prépare à une période charnière pour l’entreprise publique, où dialogue social, modernisation et adaptation à la concurrence seront les piliers de sa stratégie.

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