Le film Je suis toujours là de Walter Salles, retraçant la quête de justice d’une famille brésilienne confrontée à la disparition d’un proche sous la dictature militaire (1964-1985), connaît un succès retentissant au Brésil et à l’international. Lauréat du prix d’interprétation pour Fernanda Torres aux Golden Globes, ce long-métrage mêle émotion et mémoire historique, tout en suscitant des controverses dans un pays encore marqué par son passé autoritaire.
Un drame familial au cœur de l’histoire
Inspiré de faits réels, Je suis toujours là raconte l’histoire de Rubens Paiva, un ancien député accusé de soutenir l’opposition à la dictature et disparu après son arrestation en 1971. Le film suit le combat d’Eunice Paiva, interprétée magistralement par Fernanda Torres, pour découvrir la vérité sur le sort de son mari. À travers son regard, Walter Salles explore des thèmes universels comme le deuil, la résistance et la quête de justice, tout en offrant un portrait poignant de cette période sombre de l’histoire brésilienne.
Fernanda Torres, récompensée pour sa prestation, a déclaré : « Ce film permet aux Brésiliens de se reconnecter à leur histoire et de retrouver leur fierté culturelle, dans un contexte où les artistes ont souvent été marginalisés. » Le long-métrage s’inscrit dans la tradition du cinéma engagé de Walter Salles, déjà connu pour des œuvres telles que Central do Brasil.
Un succès qui divise au Brésil
Le film a rencontré un engouement notable dans les salles brésiliennes, avec des projections décrites comme des « finales de Coupe du monde » par le quotidien Folha de São Paulo. Cependant, il a également ravivé les tensions politiques. L’extrême droite brésilienne, encore marquée par une nostalgie de la junte, critique vivement le film. Des figures comme Mário Frias, ancien secrétaire à la Culture sous Jair Bolsonaro, ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une tentative de réécriture de l’histoire.
Un candidat aux Oscars et un devoir de mémoire
Malgré les controverses, Je suis toujours là s’impose comme un jalon important dans le cinéma brésilien contemporain. En mêlant mémoire collective et drame personnel, Walter Salles rappelle les blessures non cicatrisées de la dictature et interroge la manière dont un pays peut se réconcilier avec son passé. En lice pour une nomination aux Oscars, le film pourrait encore renforcer son impact international et continuer à alimenter le débat sur la mémoire et la justice au Brésil.