« Je déteste me voir à l’écran. En général, je regarde mon James Bond une seule fois, et ça me suffit ! »
Daniel Craig a tourné son premier James Bond en 2006, dans Casino Royale. Quinze ans plus tard, il endosse pour la cinquième et dernière fois le costume de 007, puisqu’il est à l’affiche de Mourir peut attendre, en salles depuis le 6 octobre. Et s’il reconnaît que James Bond a été une aventure formidable, l’acteur britannique, âgé de 52 ans, n’est pas forcément mécontent de passer la main après cet opus. Action !
Entrevue : Daniel, à quel point l’agent 007 a-t-il changé depuis Casino Royale, ton premier James Bond ?
Daniel Craig : Je ne suis pas sûr qu’il ait énormément changé. Il a vieilli… tout comme moi. Mais ce qui est sûr, c’est que ce personnage a évolué au cours des cinq films dans lesquels j’ai tourné, ce qui n’était pas forcément le cas avant. Est-ce qu’il en sera toujours ainsi ? Je n’en sais rien. Mais pour revenir à mon personnage, disons que tout va plutôt bien pour lui au début du film. Et puis les emmerdes arrivent, parce qu’il s’agit d’un James Bond !
Quel a été ton niveau d’implication dans ce nouveau Bond ?
Je n’ai pas pu m’empêcher de mettre mon nez dans le scénario. Il y a des idées qui me sont venues à 3 heures du matin, des idées brillantes ! Tu sais, un Bond est une affaire d’équipe, et j’estime avoir de la chance d’en faire partie, d’autant plus que nous n’avions aucun livre sur lequel nous appuyer contrairement à d’autres Bond.
En quoi ce tournage a-t-il été différent des autres ?
Je tenais à l’aborder détendu, et au final ce tournage a été très intense. Je te parle d’un film pour lequel j’ai pris sur mon temps libre afin d’être fin prêt le jour J ! Autant dire que je connaissais le script sur le bout des doigts au moment de commencer le tournage ! Et pourtant, cela ne nous a pas empêchés de modifier des éléments de l’histoire. Laisse-moi te dire que ce n’est pas une mince affaire ! Bonjour la pression !
Et tu n’as pourtant pas hésité à qualifier ce tournage de rafraîchissant…
Essentiellement parce que la manière dont nous l’avons abordé m’a donné l’impression de jouer James Bond pour la première fois. Je ne sais pas si c’est un bon ou un mauvais film, mais je peux te dire que sur le tournage, chacun a poussé les autres dans ses retranchements.
Qu’est-ce qui te fait vibrer mis à part James Bond ?
Ce qui me fait vibrer ? Être chez moi ! C’est aussi simple que cela.
Et te mettre devant la TV avec un verre de bière ?
Non. Ma vie est un petit peu plus compliquée que cela. En fait, j’adore rester chez moi à ne rien faire et à me détendre. Je n’ai pas vu mes amis et ma famille depuis un bail. Je me réjouis à l’idée de les revoir bientôt.
T’arrive-t-il de te dire que tu as un sacré bon boulot ?
Cela m’est arrivé plusieurs fois lors des tournages. Courir à travers une foule de 2 000 personnes dans le centre d’une ville avec un hélicoptère à 10 mètres au-dessus de ma tête, le bruit, la poussière… Je peux te dire que l’équipe de tournage, qui n’est pourtant pas née de la dernière pluie, en avait le sourire aux lèvres.
Aimes-tu regarder les Bond dans lesquels tu as tourné ?
Non, je déteste me voir à l’écran. En général, je regarde mon James Bond une seule fois, et ça me suffit !
Et pourquoi ça ?
Tout simplement parce que si ma prestation ne me plaît pas, il n’y a rien que je puisse faire pour la changer. C’est trop tard…
Tu as apporté une certaine profondeur au personnage…
C’est ma manière de jouer, je ne sais pas faire autrement. Je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qui le touche, comment il réagirait à telle situation… James Bond est quelqu’un qui doute.
C’était ton dernier James Bond. Tu as ressenti une émotion particulière ?
Tourner dans James Bond est la chose la plus intense que j’aie jamais faite. Mais ça demande énormément d’énergie, et je me fais vieux ! ( Rires )
Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)