Jacques Réda, le poète flâneur de Paris, s’éteint à l’âge de 95 ans

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Jacques Réda, l’un des grands noms de la poésie française contemporaine, est décédé lundi 30 septembre à l’âge de 95 ans, a annoncé la maison d’édition Gallimard. Né le 24 janvier 1929 à Lunéville, en Lorraine, cet écrivain prolifique et ancien rédacteur en chef de la prestigieuse Nouvelle Revue Française (NRF), laisse derrière lui une œuvre riche et variée, mêlant poésie, prose et essais. Connu pour ses ballades poétiques à travers Paris, ses écrits évoquent avec une sensibilité unique les paysages urbains, les chemins oubliés, ainsi que la solitude et la beauté de la capitale.

Auteur d’une soixantaine de livres, Réda s’est particulièrement distingué par ses recueils de poésie tels que Les Ruines de Paris (1977), où il dépeint avec lyrisme les quartiers délaissés et les terrains vagues de la ville lumière. Il n’a cessé de marcher, arpenter les rues, à pied ou à vélo, pour capter l’âme de la capitale et de ses environs. Cette passion de la déambulation et de la découverte l’amène à célébrer les détails du quotidien, de la façade décrépie à l’arbre oublié dans une ruelle, transformant ces éléments en sources d’inspiration universelles.

Fervent amateur de jazz, Jacques Réda a également enrichi le monde littéraire de nombreux textes autour de la musique. Chroniqueur régulier pour Jazz Magazine, il confessait une véritable « toxicomanie musicale » et voyait dans le jazz une résonance avec la poésie, évoquant des correspondances entre le rythme musical et le vers poétique. Cet amour du rythme et du mouvement, qui habite l’ensemble de son œuvre, s’exprime également dans Autobiographie du jazz (2002) ou Une civilisation du rythme (2017), où il rend hommage aux grandes figures du jazz des années 1930 et 1940.

Reconnu pour son talent et sa sensibilité, Jacques Réda a reçu de nombreuses distinctions tout au long de sa carrière, dont le Grand Prix de poésie de l’Académie française (1997) et le Goncourt de la poésie (1999) pour La Course. Son attachement à la poésie et sa volonté de promouvoir d’autres auteurs se sont aussi traduits par son engagement à la NRF, qu’il a dirigée entre 1987 et 1995, apportant une nouvelle vitalité à la revue fondée par Gide. Avec sa disparition, c’est une voix singulière de la poésie française qui s’éteint, laissant en héritage une œuvre empreinte de mélancolie et de beauté.

Alice Leroy

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