Le cinéaste Jacques Doillon, visé par plusieurs accusations de viol, a été placé sous le statut de témoin assisté à l’issue de son interrogatoire vendredi 6 décembre 2024 devant des juges d’instruction à Paris. Cette décision intervient après une longue enquête marquée par les plaintes de la comédienne Judith Godrèche, suivies de celles de deux autres femmes et d’une personne trans non binaire.
Un statut juridique plus favorable
À l’âge de 80 ans, Jacques Doillon a été convoqué pour répondre à des accusations graves mais n’a pas été mis en examen. Selon son avocate, Me Marie Dosé, « il n’existe aucun indice grave ou concordant contre Jacques Doillon dans cette affaire ». Elle a également présenté des éléments à décharge, notamment des correspondances et des courriels, qu’elle estime révélateurs de contradictions dans les témoignages des plaignants.
Le statut de témoin assisté, bien que plus favorable que celui de mis en examen, signifie que le réalisateur reste impliqué dans l’enquête, qui porte sur des accusations remontant à plusieurs décennies et à différents contextes.
Des accusations multiples
L’affaire a débuté avec une plainte déposée par Judith Godrèche, qui a accusé le réalisateur de l’avoir agressée lors d’essais pour le film La Fille de 15 ans en 1989, alors qu’elle avait 15 ans. Ces faits, bien qu’explosifs, sont frappés de prescription et ne peuvent donner lieu à des poursuites judiciaires. D’autres accusations ont suivi, dont celles de Joe Rohanne, une personne trans non binaire, qui affirme avoir été victime de viols, de violences physiques et de pressions psychologiques entre 2009 et 2012 en France et en Belgique.
Deux autres femmes ont également accusé Jacques Doillon de viol et de tentative de viol dans les années 1990. Cependant, ces faits sont eux aussi prescrits. En juillet dernier, le réalisateur avait déjà été interrogé dans le cadre d’une garde à vue, levée pour raisons médicales.
Contestation et plaintes croisées
Jacques Doillon a nié catégoriquement toutes les accusations portées contre lui, dénonçant ce qu’il qualifie d’« effet de meute ». En février dernier, il avait déclaré : « La justesse de la cause [#MeToo] n’autorise pas les dénonciations arbitraires et les fausses accusations. » Le réalisateur a également déposé une plainte en diffamation contre Judith Godrèche, en réponse à une publication Instagram où elle l’accusait de « coucher » avec des « enfants ».
Un climat tendu dans l’industrie du cinéma
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de bouleversements pour le monde du cinéma français, marqué par une série de révélations et de procès impliquant des figures majeures. Judith Godrèche est devenue une porte-parole du mouvement #MeToo en France, contribuant à l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les abus dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel.
En parallèle, d’autres affaires impliquent des personnalités comme Benoît Jacquot, mis en examen pour des viols présumés, et Gérard Depardieu, qui sera jugé en mars 2025 pour des accusations d’agressions sexuelles.
La procédure judiciaire concernant Jacques Doillon est encore en cours. Le statut de témoin assisté pourrait évoluer en fonction des éléments supplémentaires qui pourraient être apportés au dossier par les parties ou les juges d’instruction.