Jacques Audiard est revenu sur son expérience aux Oscars 2025, marquée par une compétition féroce et des polémiques autour de son film Emilia Pérez. Invité sur France Inter le 12 mars, le réalisateur a décrit une campagne devenue, selon lui, “une guerre ouverte” entre producteurs, studios et distributeurs.
Une compétition plus rude que jamais
Avec 13 nominations, Emilia Pérez semblait bien placé pour décrocher l’Oscar du Meilleur film étranger, mais les controverses ont pesé lourd dans la balance. Les anciens tweets de Karla Sofía Gascón, ainsi que les critiques venues du Mexiquesur la représentation du narcobanditisme, ont alimenté des débats houleux. “Ce n’était pas du tout la même chose qu’en 2010 avec Un Prophète. À l’époque, c’était dur, mais comparé à aujourd’hui, c’étaient des bisounours”, a confié le cinéaste.
Désormais, selon lui, la course aux Oscars ne se joue plus seulement sur la qualité des films, mais sur des stratégies agressives : “Il faut être prêt à dégainer les plus grosses saloperies contre l’autre”, a-t-il dénoncé, regrettant que le cinéma passe au second plan face aux jeux d’influence et aux attaques médiatiques.
Les tensions autour du film
Malgré les tempêtes, Emilia Pérez est reparti avec deux Oscars, mais Audiard confie avoir vécu cette expérience comme un parcours d’obstacles. Il pointe du doigt le rôle des réseaux sociaux et de certains acteurs de l’industrie qui, selon lui, entretiennent cette surenchère : “Ce sont les gens du commerce, de l’industrie et du capital qui créent cette tension”.
Concernant Karla Sofía Gascón, dont le passé sur les réseaux a fait polémique, le réalisateur tient à rappeler son talent : “C’est une grande actrice, avec une force émotionnelle unique”. Malgré la tempête, il est convaincu que sa carrière n’est pas terminée.
Un regard amer sur Hollywood
Jacques Audiard ne cache pas son désenchantement vis-à-vis du système hollywoodien, où “rien ne se dit ouvertement” et où “l’omerta règne” sur certains sujets. Selon lui, l’argent et la politique influencent les décisions plus que jamais. Pourtant, au milieu de cette bataille sans merci, il garde un certain respect pour ses confrères réalisateurs : “Heureusement qu’on croise les autres cinéastes, qui eux aussi sont jetés dans la fosse”.
Cette expérience intense le fera-t-il renoncer aux Oscars à l’avenir ? Il ne le dit pas clairement, mais son récit laisse transparaître une grande lassitude face à un univers où la compétition cinématographique s’est transformée en combat politique et médiatique.