Le gouvernement italien, dirigé par la Première ministre Giorgia Meloni, envisage de permettre aux fonctionnaires de prolonger leur carrière jusqu’à l’âge de 70 ans sur une base volontaire. Cette proposition, qui pourrait être incluse dans le prochain plan budgétaire, suscite des débats intenses de l’autre côté des Alpes.
Dans une interview accordée au Corriere della Sera, le ministre de la Fonction publique, Giovanni Zangrillo, a confirmé avoir discuté avec le ministre de l’Économie, Giancarlo Giorgetti, de la « possibilité d’un maintien en activité jusqu’à 70 ans ». Il a précisé que cette mesure serait basée sur le volontariat et accompagnée de primes pour encourager les fonctionnaires à prolonger leur carrière.
Un transfert de compétences
Actuellement, les employés du secteur de la sécurité et de la défense en Italie partent à la retraite à 60 ans, tandis que les autres fonctionnaires peuvent prendre leur retraite à 65 ans avec au moins 42 annuités de cotisations, ou à 67 ans. La nouvelle proposition vise à permettre aux administrations de conserver l’expérience de certains employés jugés stratégiques, facilitant ainsi un « transfert de compétences » avec les nouveaux recrutés. Les fonctionnaires qui choisiraient de rester en activité effectueraient des missions de tutorat, de coaching ou répondraient à des besoins spécifiques non couverts autrement.
Le gouvernement italien prévoit également d’embaucher 350 000 jeunes agents publics d’ici 2025, en plus des 173 000 recrutements déjà effectués en 2023, pour compenser le départ à la retraite d’un million de personnes d’ici 2030. Selon l’exécutif, le maintien en activité des fonctionnaires volontaires jusqu’à 70 ans garantirait « une charge sociale moindre » pendant cette période de transition.
Cette proposition a suscité de vives critiques de la part des syndicats italiens. Maurizio Landini, leader de la Confédération générale italienne du travail (CGIL), a qualifié l’idée de « folie », estimant qu’elle revient à « utiliser les retraites pour gagner de l’argent ». Pierpaolo Bombardieri, secrétaire général de l’Union italienne du travail (UIL), a également exprimé son opposition : « Nous ne pouvons pas imaginer demander aux personnes qui ont atteint l’âge de 67 ans de rester dans leur emploi, même si c’est présenté comme une option volontaire. Elles ont le droit et le devoir de profiter de leur retraite après de nombreuses années de travail. »
En France, certains responsables politiques ont réagi à cette mesure. Clémence Guetté, députée LFI-NFP et vice-présidente de l’Assemblée nationale, a déclaré sur X (anciennement Twitter) : « L’extrême droite italienne veut la retraite à 70 ans. » Manuel Bompard, député et coordinateur national de La France insoumise, a ajouté : « En Italie, une fois au pouvoir, les amis de Le Pen et Bardella veulent la retraite à 70 ans. »
Cependant, il est important de noter que la proposition du gouvernement italien est volontaire et vise à offrir une flexibilité aux fonctionnaires souhaitant prolonger leur carrière, plutôt que d’imposer un report généralisé de l’âge de la retraite.