L’ancien ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a annoncé ce mercredi sa démission de la Knesset, moins de deux mois après avoir été limogé de son poste par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Cette décision, officialisée par une allocution télévisée, marque un tournant dans la carrière de cet ancien général et vétéran de la politique, membre du Likoud.
Après 45 ans de carrière, dont 35 dans l’armée israélienne et une décennie au gouvernement et au Parlement, Gallant a affirmé ressentir la nécessité de « faire une pause et réévaluer [sa] direction ». Souvent perçu comme un « faucon » sur les questions de sécurité, il a joué un rôle clé dans les réponses militaires israéliennes après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, marquant le début de la guerre à Gaza.
Cependant, Gallant a également critiqué les politiques internes du gouvernement, notamment la réforme judiciaire controversée et l’exemption militaire des membres de la communauté ultra-orthodoxe, un sujet sensible au sein de la coalition dirigée par Netanyahu.
Tensions avec Netanyahu et impact politique
Limogé en novembre 2023 pour avoir ordonné la conscription de 10 000 ultra-orthodoxes en âge de servir, Gallant a dénoncé les politiques du Likoud sur cette question, soulignant l’importance d’un « recrutement égal et complet » pour tous les Israéliens. Il a lié son départ à ces divergences, tout en réaffirmant son appartenance au parti : « La voie du Likoud est ma voie », a-t-il déclaré.
Gallant a également pointé des tensions avec Netanyahu, exacerbées par des décisions critiques au sein du gouvernement. En mars 2023, il avait déjà été limogé avant que Netanyahu ne revienne sur cette décision face à la pression publique.
Malgré son retrait de la Knesset, Gallant reste une figure influente et n’exclut pas un retour sur la scène politique. Son départ volontaire lui permet de conserver son éligibilité pour les prochaines élections. « Mon parcours n’est pas terminé », a-t-il assuré, promettant de continuer à travailler pour « ramener à la maison » les otages israéliens toujours retenus à Gaza.
Un contexte de crise humanitaire et de pression internationale
La démission de Gallant survient alors qu’Israël est critiqué pour sa conduite militaire à Gaza. Depuis octobre 2023, plus de 45 000 victimes, majoritairement des femmes et des enfants, ont été dénombrées dans l’enclave palestinienne. Des résolutions internationales, dont une du Conseil de sécurité de l’ONU, appellent à un cessez-le-feu immédiat.
En novembre 2023, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Israël fait également face à des poursuites pour génocide devant la Cour internationale de Justice.
La démission de Yoav Gallant reflète les fractures internes au sein de la coalition au pouvoir en Israël. Elle illustre également les pressions croissantes, à la fois nationales et internationales, sur le gouvernement israélien dans sa gestion des crises sécuritaires et humanitaires. Gallant, en dénonçant ces politiques tout en restant loyal au Likoud, se positionne comme une voix critique au sein de son propre camp, laissant la porte ouverte à un éventuel retour.