Intrusion chez le préfet : 15 mois de prison ferme requis contre Rodrigue Petitot

Entrevue 1

Ce vendredi 24 janvier au matin, le tribunal correctionnel de Fort-de-France rendra finalement sa décision dans l’affaire Rodrigue Petitot, cet agitateur qui s’est fait connaître ces derniers mois en Martinique. À l’origine, ce militant dit « contre la vie chère » se retrouve devant la justice pour des faits graves : menaces et intimidations envers des agents publics, violation de domicile, rébellion et incitation à la rébellion. Rien de moins que la remise en cause flagrante de l’autorité de l’État, dans un département qui demeure – rappelons-le fermement – une partie intégrante de la République française.

Le 11 novembre dernier, alors qu’il entendait interpeller le préfet Jean-Christophe Bouvier et, au passage, le ministre chargé des Outre-mer en visite officielle, « le R » – comme il se fait appeler – a poussé la provocation jusqu’à pénétrer dans la résidence préfectorale. Si l’intéressé prétend que la barrière était déjà ouverte, le fond de l’affaire n’en reste pas moins un défi direct à l’État français. Le tribunal a notamment visionné des images de caméras de sécurité et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, qui montrent à quel point le climat était tendu.

Au cours de ce procès débuté mardi, Petitot – car c’est ainsi qu’il aime parfois se mettre en scène, « Robin des Bois » des tropiques ou pseudo-« Nelson Mandela » – s’est efforcé de minimiser ses actes. Il argue ne pas avoir commis de violences. Pourtant, les accusations d’intimidation, de rébellion et de menaces envers des fonctionnaires de police et le préfet sont formelles. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que le ministère public ait requis une peine de 30 mois de prison dont 15 assortis du sursis probatoire, avec maintien en détention. Les avocats de la défense, quant à eux, semblent vouloir faire passer leur client pour une victime de la « répression » et de « l’atteinte à la liberté d’expression ». En réalité, il s’agit avant tout de rappeler que personne, qu’il soit militant ou non, ne se situe au-dessus des lois de la République.

Il est temps de rappeler quelques vérités. Oui, le coût de la vie en Martinique, comme dans d’autres outre-mer, est un enjeu sérieux qui appelle des solutions concrètes et une solidarité nationale renforcée. Mais non, cela ne donne nullement le droit de bafouer la loi, de braver les représentants de l’État et de créer un climat d’émeutes dont la population est la première à pâtir. Il est d’ailleurs révélateur que, dans un dossier parallèle, M. Petitot ait été déjà condamné en décembre à dix mois ferme pour intimidation envers des maires de la Martinique. Cette répétition d’agissements violents ou coercitifs à l’encontre des autorités légitimes est inacceptable.

Martinique ou non, nous sommes en France. Et le respect de l’ordre public, incarné par les représentants de l’État, s’impose à tous, dans l’Hexagone comme dans l’ensemble des départements et régions d’outre-mer. Les avocats de la partie civile ne s’y sont pas trompés, pointant les « dérives insupportables » de ce mouvement, pourtant légitime sur le fond lorsqu’il s’agit de défendre le pouvoir d’achat, mais qui verse ici dans la provocation et la violence.

Le tribunal annoncera ce vendredi la peine qu’il entend prononcer contre ce leader autoproclamé. Face à de tels comportements, l’autorité judiciaire se doit de défendre la République, sa cohésion et la sécurité des agents publics. Qu’il s’agisse d’un militant ou non, défier le préfet, s’introduire dans sa résidence officielle et multiplier les menaces ne saurait rester impuni. C’est bien la moindre des choses dans un État souverain et indivisible. La Martinique est la France. Et la justice, garante de la paix civile, doit s’en souvenir au moment de rendre son délibéré.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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