INTERVIEW EXCLUSIVE – Mallaury Nataf : ses propos choc sur sa descente aux enfers
« J’ai vécu dans un petit appartement de 50 mètres carrés avec 1 200 euros par mois à peu près toute ma vie. »
Nouvelle descente aux enfers pour Mallaury Nataf. L’héroïne de la sitcom « Les Miel et les Abeilles », qui a connu de nombreux déboires mais qui avait rebondi en 2019 dans « Les Mystères de l’Amour », semble de nouveau en grande difficulté. Filmée dans la rue dans un état lamentable par Mehdi, ex-candidat de « Pékin Express », elle semble de nouveau SDF. Nous l’avions rencontré il y a peu. Elle nous livrait un témoignage très cru, avec des propos parfois incohérents, sur sa situation…
Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)
Jérôme Goulon : Malgré tes nombreux problèmes, tu as souvent refusé d’être aidée. Pourquoi ?
Mallaury Nataf : Je suis contre les privilèges ! Je comprends que certains puissants aient besoin de ces privilèges. Il y a une justice à deux visages dans ce pays : la justice pour les pauvres et la justice pour les riches. Ça m’a toujours questionnée. Donc le minimum est d’appliquer ma propre pensée. Très peu de gens le savent, mais j’ai eu le concours de Sciences Po, même si je n’y ai finalement pas été. Je préférais jouer aux jeux vidéo ! Et donc j’ai développé une pensée citoyenne et politique. La pensée de droite, c’est quelqu’un qui va d’abord penser à lui et ensuite penser au groupe, et la pensée de gauche, c’est l’inverse.
Tu as finalement utilisé ton carnet d’adresses et appelé Jean-Luc Azoulay pour revenir dans Les Mystères de l’Amour…
Oui. Quand j’ai décroché mon téléphone pour appeler Jean-Luc, c’est que vraiment, j’en avais ras-le-bonbon. J’ai donc appelé Jean-Luc Azoulay pour accélérer un peu le processus. J’ai considéré que j’avais été patiente. J’ai donc brisé ma propre loi qui était : pas de privilège et pas d’utilisation des privilèges.
Et comment il a réagi quand tu l’as appelé ?
Il m’a donné rendez-vous dès le lendemain ! Je suis allé à son bureau, et il m’a dit qu’il m’intégrait tout de suite aux Mystères de l’Amour.
Tu avais déclaré chez Jean-Marc Morandini que tu ne touchais rien sur les rediffusions du Miel et les abeilles. Tu lui en as parlé ?
J’avais un souci par rapport à ça effectivement. Je lui en ai parlé. Il m’a dit que ce n’était pas de son fait à lui. Aujourd’hui, AB Productions n’est plus entre ses mains. Lui, il est JLA Productions. Malheureusement, dans ce pays, on ne peut pas s’attaquer à une structure. Quel que soit le degré d’injustice, tu ne peux rien faire… Et quand tu fais partie du peuple, comme moi, tu ne peux rien faire.
Tu dis que tu fais partie du peuple, mais tu as quand même le statut de célébrité…
Tu sais, les élites ont frappé à ma porte. On m’a proposé des chéquiers, des maisons, de voyager en jet ou en hélicoptère, j’ai tout refusé. C’est moi qui ai fait le choix de rester dans une vie petite, simple et humble. J’ai refusé une vingtaine de demandes en mariage de milliardaires. Ça fait beaucoup de milliards. J’ai vécu dans mon petit appartement de 50 mètres carrés avec 1 200 euros par mois à peu près toute ma vie. J’ai élevé mes enfants dans la plus grande simplicité, et j’en avais fait des trésors, des merveilles. Mais après avoir été séparés de moi, ils ne représentent plus aucun intérêt. C’est juste des veaux, des vaches, des béliers, des boucs…
Tu as des mots très durs sur tes enfants…
J’ai fait une croix sur mes enfants. C’est terminé ! Ils sont devenus ce que j’appelle des hommes-animaux.
Tu es toujours en contact avec eux ?
J’en ai eu, mais je les ai interrompus, car ça ne m’intéresse pas de gérer des hommes-animaux.
C’est dur d’avoir de tels mots sur ses propres enfants…
Non ! C’est ça l’équité ! J’ai le même regard sur chacun. Je ne fais pas d’exceptions parce que ce sont mes enfants. Le minimum, c’est d’avoir de la lucidité.
Qu’est-ce que tu n’aimes pas chez eux ?
Ce n’est pas d’aimer ou de ne pas aimer. Moi, je ne côtoie pas les hommes-animaux. Ils sont partout.
« Hitler, il est venu, il a pris mes enfants, il les a jetés dans un four ! »
C’est quoi les hommes-animaux ?
Ce sont des hommes qui sont plus près de leurs instincts animaux que du raffinement. L’être humain doit être raffiné, délicat, subtil, calme, automne, créatif. Il ne doit pas être avide, violent. Ce sont des animaux les gens comme ça, qui ont besoin de tuer, de faire du mal, d’exercer une pression. L’être humain, ce n’est pas ça ! L’être humain possède tout. Dieu a créé l’être humain et l’univers pour faire plaisir à l’être humain. Donc il n’a besoin de rien, doit se satisfaire de peu. Il ne doit pas avoir d’avidité, de colère. On vit sans un monde d’hommes-animaux. Et mes enfants ont rejoint ce groupe-là. Et je ne veux pas d’hommes-animaux dans ma vie ou dans ma maison. À partir du moment où un être a choisi de se développer comme un homme-animal, je considère que je n’ai plus rien à lui apprendre, que c’est son choix, et que je n’ai aucun commentaire à faire et plus rien à dire.
Revenons sur ta carrière. Quelle vision gardes-tu de l’univers AB Productions ?
Dans mon parcours professionnel, très peu de gens le savent, mais j’ai fait du théâtre de grande qualité, j’ai fait de l’art contemporain avec des artistes d’une immense qualité, j’ai fait des choses très précieuses, très fines, très raffinées, j’ai travaillé avec des gens brillants, des sortes de génies, et je n’ai pas du tout communiqué ça au grand public. Et donc l’univers AB Productions, pour mon ego, pour mon orgueil, c’est un sacré coup !
Et que représente le rôle de Lola Garnier pour toi aujorud’hui ?
C’est quelque chose que j’ai trouvé stupide ! Au bout de trois mois de tournage de la série Le Miel et les Abeilles, je trouvais ça débile ! Moi je lisais Kant, Nietzsche, Dostoïevski. C’était ça mes lectures.
Alors c’était quoi, ta motivation ? L’argent et la célébrité ?
Ma motivation, c’était l’argent. La célébrité, non. J’étais là, j’ai vu de la lumière, je suis entrée. J’ai voulu arrêter tau bout de trois mois, soit 60 épisodes environ. Et c’est Jean-Luc Azoulay qui m’a demandé de continuer. Et par conscience, par décence et par reconnaissance, j’ai poursuivi, et j’ai tourné 140 épisodes de plus. J’étais la seule artiste de tout AB Productions à signer des contrats au jour le jour. Je disais Jean-Luc Azoulay : « Ce n’est pas parce que tu vas me mettre une corde au cou pour 100 épisodes que je vais rester davantage. Ça me fait chier, ton truc. Mais si tu as besoin de moi, je le fais pour te faire plaisir. »
Pourquoi, dans ce cas, avoir fait Le Miel et les Abeilles ?
Ça m’est tombé dessus comme ça. J’étais mannequin. Je gagnais très bien ma vie. Mon premier chèque de mannequin, j’ai touché l’équivalent de 200 000 euros. C’était plus que ce que je touchais pour Le Miel et les Abeilles. Mais bon, je suis montée dans ce bateau-là.
Beaucoup de gens pensent que lorsqu’on a été une héroïne d’une sitcom AB Productions, on est tranquille à vie. Ce n’est pas le cas ?
Non, moi j’ai dépensé tout mon argent pour ma formation d’actrice. En France, les budgets sont dix fois inférieurs aux budgets anglo-saxons et anglophones. Dans ces pays-là, il y a des structures de développement des artistes. En France, il y a zéro, rien ! Pourquoi ? Parce qu’ici, les artistes, ils les font monter pour les baiser, au sens propre et au sens figuré. Donc ils n’ont pas intérêt à ce que ces gens-là se développent, puisqu’ils veulent faire en sorte d’en faire des esclaves sexuels.
Tu étais restée en contact avec le milieu pendant ces années ?
Non, je n’avais gardé contact avec personne ! J’étais mère de famille, je m’occupais de mes enfants. J’avais coupé tout contact ! Les 11 ans qui ont suivi AB Productions, j’ai joué beaucoup au théâtre et j’ai fait de l’art contemporain. Pendant ces 9 ans au théâtre, j’ai joué gratuitement. J’ai vécu avec très peu d’argent, et l’argent que j’ai gagné, je me suis formée avec, j’ai appris avec de grands professeurs. J’ai dépensé au total 200 000 euros pour ma formation. Et le reste de l’argent que j’ai gagné, j’ai élevé mes enfants avec. J’ai eu deux pères, qui étaient des adolescents, des êtres qui ne veulent pas prendre de responsabilités. Donc c’est moi qui ai payé 14 ans pour mes deux enfants. Tout cumulé, ça m’a coûté 400 000 euros. Ce qui fait que pendant 10 ans, je n’ai pas acheté une robe pour moi. Parfois, mes enfants avaient à manger, mais pas moi. Mais je les ai élevés dans le 16e arrondissement. J’ai fait des choix très durs dans la vie à toutes mes étapes de la vie.
Et tu t’es retrouvée à la rue ?
Oui. Ma dernière relation, le père de mon troisième enfant, avait une maladie psychologique, mais il ne me l’a pas dit. Je l’ai découvert au bout d’un an. Il portait quelque chose d’assez lourd psychologiquement. Et ça a été trop lourd pour moi.
Comment tu l’as rencontré ?
Il y avait toujours du passage dans la maison, j’accueillais des gens chez moi. Et puis j’ai fait entrer cet homme qui avait des problèmes importants. Et l’équilibre n’a pas pu se faire. C’était trop lourd pour moi. Ça a généré des conséquences. Et à un moment donné, tout a pété.
Que retiens-tu de cette période dans la rue ?
C’était la maison sur le dos. J’ai pu observer les mœurs et le comportement de mes contemporains et voir à quel point ils étaient bas dans le vase, dans une forme de boue. J’ai pu voir cela pendant les 5 ans où je n’avais pas de domicile. Je n’avais plus de contraintes, donc je n’avais plus qu’une chose à faire : observer les gens. Pendant trois ans et demi, j’ai marché 15 heures par jour, tous les jours. J’ai fait tout le tour de l’Île-de-France à pied. Et après, j’ai fait tout le tour de Paris à pied, quartier par quartier, pour voir. Et quand on est dehors, on est confronté à la police, au SAMU… Il m’est arrivé de me retrouver dans des commissariats ou dans des voitures de police, avec des policiers. Ce que j’ai découvert de l’âme humaine, c’est au-delà de tout. Quand on vient des milieux protégés, comme c’est mon cas, tu n’as pas accès à ce que vit le peuple.
Quand tu regardes derrière toi, le rôle de Lola Garnier et la célébrité, ça a été une chance ou un fardeau ?
Les deux ! Si je n’avais pas fait cette série, j’aurais probablement fait une vraie et belle carrière au cinéma ou au théâtre, parce que j’étais douée. Mais si c’était à refaire, je referais tout pareil ! Je n’ai fait que des choix dangereux et difficiles. Dès qu’il y a eu une facilité, je l’ai refusée automatiquement. Mais je ne changerais rien ! Je ne suis pas masochiste. Dans la vie, on apprend que quand on est en danger. Quand on est trop dans la facilité, on n’apprend plus. Je suis une élève. Je suis venue sur terre pour apprendre.
Certains de tes choix ont écorné ton image. Tu n’avais pas peur du regard des autres ?
Le regard des autres, je m’en fous complètement. J’ai toujours eu les gens contre moi, dès toute petite. Et puis, j’ai perdu mes trois enfants. Alors le regard des gens… En tant qu’individu, je n’existe plus, j’ai perdu mes trois enfants.
Il n’y a as un moyen d’arranger les choses ?
Non ! Je ne gère pas la merde des autres. Pendant 6 ans et demi, ces enfants ont été confiés à des merdes, je ne gère pas la merde des autres ! Et je n’assume pas la merde des autres ! Et ils vont assumer. Ou les jeter sur le trottoir, car un jour ou l’autre, ils les jetteront sur le trottoir. Ces enfants ne les intéressent pas, ils ont fait ça pour me nuire, car ils ont compris que c’était mon seul point de faiblesse.
Qui ça, «ils» ?
Des gens dont je vais éviter de parler… Hitler, il est venu, il a pris mes enfants, il les a jetés dans un four ! Mais je tire de cette situation un bénéfice intellectuel et spirituel. Et il est inouï, ce bénéfice… Je suis en phase avec la jeune fille que j’étais. Maintenant, on a tué la mère en moi. Et je ne sais pas si on n’a pas tué aussi la femme. Je ne peux pas encore le diagnostiquer.
Pour finir, qu’est-ce qu’on pourrait te souhaiter aujourd’hui ?
De gagner beaucoup d’argent, pour pouvoir faire un grosse Tsedaka ( aumône en hébreux, Ndlr. ), et partager avec les plus pauvres… On est 7 milliards d’individus, et sur toute la Terre, il n’y a que 75 000 milliards de dollars. C’est très peu, car il y a beaucoup de voleurs, et ils volent la plus grosse partie du panier, donc il ne reste rien sur les autres. Donc du coup, qu’est-ce que tu fais en tant que citoyen ? Tu colmates. Je suis ainsi faite, que si je vois le nazi sur son bateau en train de couler, je ne vais pas me réjouir. Je ne suis pas comme ça. Je plonge à la mer. Et pourtant c’est un nazi et je ne peux pas le supporter. Je vais laisser ma tranquillité et laisser mon bateau pour aller l’aider alors que c’est une merdasse. Je suis ainsi faite, et je n’ai pas changé. Je suis toujours comme ça. Même le pire des enculés, je vais aller l’aider. Je suis comme ça…
Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)