INTERVIEW – Éric Naulleau : « J’avais du respect pour Mélenchon, il ne m’inspire plus qu’un immense dégout et la volonté de le combattre. »
Il a formé pendant plus d’une décennie un duo TV iconique avec Éric Zemmour. Aujourd’hui, il dénonce sans filtre : Mélenchon, la gauche, et le péril islamiste. Dans une interview coup de poing accordée à Entrevue, Éric Naulleau lève le voile sur son dernier ouvrage, La République, c’était lui !, publié aux Éditions Léo Scheer. Un récit d’amertume, de colère, mais aussi d’espoir. Découvrez ses confessions sur son ancien « camarade » Mélenchon, ses craintes pour la France, et ses réflexions sur l’avenir politique du pays. Une plongée sans concession dans les méandres de la politique française.
Entrevue : Vous publiez « La République c’était lui ! », c’est un livre d’inquiétude pour la gauche et la France ou un livre de colère contre Mélenchon ?
Éric Naulleau : Un livre de colère et d’inquiétude. De colère contre Jean-Luc Mélenchon qui a trahi tous ses idéaux, renié toutes ses convictions, dans l’espoir de faire le plein de voix dans les quartiers islamisés, qui a détruit la gauche pour la remplacer par une hideuse caricature, celle de l’islamo-gauchisme. De grande inquiétude pour la France, car après avoir détruit la gauche, Jean-Luc Mélenchon veut à présent détruire la République et la France.
Vous écrivez grandeur et déchéance du camarade Mélenchon, l’usage du mot « camarade » indique qu’il a été votre camarade, Mélenchon c’était votre gauche ?
Il y a eu de la grandeur chez Jean-Luc Mélenchon, du temps très proche où il clamait haut et fort ses convictions républicaines et laïques. Je me reconnaissais dans cette ligne, dans ces principes. J’avais du respect pour lui, il ne m’inspire plus qu’un immense dégoût et la volonté de le combattre.
C’est quoi votre premier souvenir de Mélenchon ?
Je crois qu’il s’agit d’une interview dans laquelle il explique qu’il faut à tout prix voter pour le traité de Maastricht, que de ne pas le faire serait ne rien comprendre au sens de l’Histoire. Il est depuis devenu tout aussi farouchement anti-Européen. Jean-Luc Mélenchon est natif du signe de la Girouette.
Pourquoi êtes-vous de gauche et quelle est votre gauche ?
Ma gauche est celle de Camus, d’Orwell et de Michel Onfray. De tous ces hommes de gauche authentiques, l’honneur de leur camp idéologique, insultés et diffamés par la gauche indigne. Une gauche sociale, républicaine, et antitotalitaire. Une gauche de l’ordre, car ce sont les plus faibles qui sont victimes du désordre. Une gauche de l’école républicaine où l’on apprend aux gamins à lire et à écrire plutôt que de les initier au monde merveilleux des drag queens ou aux avantages de la transition de genre.
Vous revendiquez être un homme de gauche, mais vous comprenez que certains vous classe à droite ou parfois même à la droite de la droite ?
Je me reconnais dans certaines valeurs de gauche, mais davantage que d’un camp politique, je me reconnais d’un pays, la France. Mon parti, c’est celui de tous ceux qui partagent mon inquiétude existentielle à son sujet — sa culture, sa civilisation, son existence même sont en danger, et ce danger a aujourd’hui le visage de Jean-Luc Mélenchon.
Vous pensez que Jean-Luc Mélenchon est sincère, il croit et adhères à ce qu’il dit ou est-ce simplement par électoralisme ?
Au départ, il s’agissait d’un cynisme chimiquement pur, la volonté délibérée du grand remplacement d’un électorat par un autre, des classes populaires par les immigrés, les minorités sexuelles et les progressistes. A force de mariner dans la démagogie électoraliste, il est possible qu’un peu d’auto-persuasion s’y soit mélangé. Mais quand j’entends Jean-Luc Mélenchon, coupable de plusieurs dérapages antisémites, se comparer aux personnes raflées au Vel d’Hiv après l’interdiction de l’un de ses meetings et faire d’un préfet de la République l’équivalent d’Adolf Eichmann, je me dis que le cynisme reste toutefois la composante principale. A moins qu’il ne faille envisager une piste psychiatrique.
Quel est selon vous la plus grande qualité de Mélenchon ?
Sa capacité à abuser le peuple.
Vous croyez qu’il peut être élu président de la République en 2027 ?
Ce n’est pas son but. Il veut accéder au second tour contre Marine Le Pen, être battu et dès lors basculer dans une logique et une pratique insurrectionnelle, vivre durant 5 ans le grand fantasme révolutionnaire, celui de toute une partie de la gauche française, fascinée par la violence politique.
Vous décrivez une alliance entre « woke » et islamistes, mais ce sont presque des antonymes, comment une telle alliance est possible et sur quelle base ?
Alliance contre nature pour le moins, puisque les seconds ne rêvent que d’égorger les premiers — allez donc discuter avec des islamistes des LGBT+++. Un remake de ce qui est arrivé en Iran à la fin des années 70 où les communistes ont cru se servir des islamistes pour prendre le pouvoir et tirer ensuite les marrons du feu. On connaît la suite. Ce serait presque comique si ce n’était en vérité si tragique.
Dans votre livre, vous revenez sur le refus des insoumis de reconnaître le caractère terroriste des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre dernier. Comment cela reflète-t-il, selon vous, les attitudes plus larges de la gauche envers les questions de terrorisme et de sécurité nationale ?
C’est beaucoup plus grave. L’antisémitisme est devenu pour Jean-Luc Mélenchon et sa clique l’outil principal de conquête du pouvoir. Les victimes du 7 octobre ne pouvaient à leurs yeux être des victimes puisqu’elles étaient juives (on a même vu certains représentants de la frange bobo de LFI descendre de leur bicyclette pour arracher les affiches des otages retenus à Gaza par les terroristes du Hamas). Les bourreaux du 7 octobre ne pouvaient selon eux être des bourreaux, et moins encore des terroristes, puisqu’ils étaient musulmans, c’est-à-dire les nouveaux damnés de la Terre. On en est là.
Face à ce que vous dénoncez aujourd’hui, il vous arrive de penser à vous-même vous engager en politique comme l’a fait votre ex-complice de plateau Éric Zemmour ?
Je suis régulièrement sollicité en ce sens, mais je crains d’un peu trop aimer mes livres et mes chats pour accepter de faire de la politique autrement que dans mes pamphlets. Et puis, précisément, j’ai vu ce que cela avait coûté à mon ami Eric Zemmour — jusqu’à sa vie privée jetée en pâture. Mais un débat d’entre deux tours Zemmour/Naulleau, ça aurait de la gueule !
Propos recueillis par Radouan Kourak