Interview de Rayan ATB, yacht broker : «L’univers des yachts paraît inaccessible, mais je suis la preuve vivante du contraire!»

27 septembre, 2024 / Jerome Goulon

Passionné de bateaux depuis toujours, Rayan ATB est parti de zéro et vit aujourd’hui de sa passion : yacht broker. Un métier peu connu qui consiste à vendre ou louer des yachts. Également créateur de contenu «ultra luxe», Rayan totalise plus de 200 000 abonnés sur Instagram et parvient, avec sa jeunesse et sa passion, à apporter un vent de fraîcheur sur une industrie qui n’est pas forcément toujours bien vue, surtout en France. Pour Entrevue, Rayan ATB se confie sans tabou sur son parcours, son métier, et vous donne même les clés pour devenir à votre tour yacht broker…

Jérôme Goulon : Bonjour Rayan. Pour commencer, parlez-nous un peu de vous…
Rayan ATB : Je m’appelle Rayan, j’ai 27 ans, je suis originaire de Paris, et aujourd’hui, je suis créateur de contenu et yacht broker. 

Depuis quand êtes-vous dans le milieu des bateaux ?
Depuis 2020. Initialement, je n’avais pas vocation à en faire mon métier. Je travaillais dans le marketing, mais j’ai toujours été passionné par la mer et les bateaux.

Et quel a été votre déclic pour vous lancer dans cette aventure ?
Pendant le Covid, j’avais une envie de changement. J’ai essayé de mettre un pied dans le milieu du bateau. J’ai commencé en envoyant un message à tous mes contacts pour leur dire que s’ils avaient besoin d’un bateau, de n’importe quel budget et de n’importe quelle taille, je pouvais leur trouver ce dont ils avaient besoin. J’ai toujours adoré chercher des annonces de bateaux sur Internet. Je m’intéresse à cet univers dès le plus jeune âge, mais comme j’habitais à Paris, c’était pour moi le seul moyen de «consommer du yacht»….

Et vous avez eu une réponse ?
Une personne a fini par me contacter pour me dire qu’elle cherchait un bateau, et je lui ai trouvé un bateau. C’était ma première vente. 

Dans vote bio sur Instagram, vous écrivez « Devenir yacht broker en partant de zéro »…  
Cette phrase s’inspire de mon parcours. Yacht broker est un métier qui fait rêver, qui paraît inaccessible, tout comme l’univers des yachts. On me disait qu’il fallait connaître plein de monde ou déjà avoir un bateau pour faire ce métier : et moi, je suis la preuve vivante du contraire. J’ai commencé de zéro dans le domaine. Je ne connaissais personne dans le milieu du bateau, je n’étais jamais monté sur un bateau, je n’habitais même pas en bord de mer. Donc je suis vraiment parti de zéro. Mon moteur, c’était ma passion et la motivation.

Concrètement, quel est le quotidien d’un yacht broker ? Dites-nous en plus sur ce métier…
Il y a un peu de tout. Il y a une partie du métier qui est très classique, où on répond à des mails, on fait de la prospection pour trouver de nouveaux clients. La deuxième partie, qui est plus fun, c’est d’aller sur le terrain, pour inspecter un bateau pour un client par exemple, ou faire l’essai en mer d’un bateau qu’on vient de vendre. Il y a également la partie location : on accompagne nos clients à l’embarquement du bateau, pour vérifier que tout se passe bien. Et puis après, il y a tout le reste, comme les salons, comme celui de Cannes, où l’on rencontre beaucoup de monde, on visite des bateaux. Pendant l’été, on a souvent des clients satisfaits qui nous invitent à déjeuner à bord. Et puis il y a le côté plus contraignant, c’est quand il y a des problèmes avec les locations : la climatisation qui tombe en panne, le capitaine qui tombe malade au dernier moment, le bateau qui tombe en panne : il faut gérer tous ces imprévus. J’aimerais ajouter un point important du métier qui est le conseil. Notre rôle principal, au-delà de faire l’intermédiaire, est surtout de conseiller nos clients pour leur trouver ce qu’il y a de mieux pour eux, en fonction de leurs besoins et de leurs envies…

Vous gérez donc à la fois la vente et la location de bateaux ?
Oui. Concrètement, on est des courtiers. Des clients nous mandatent pour trouver un bateau, d’autres nous confient leur bateau à la vente, et des clients qui nous demandent de louer un yacht pendant une semaine, par exemple. 

Quelle est la fourchette de prix quand on veut acheter ou louer un yacht ?
Il y a tous les montants possibles, j’ai d’ailleurs commencé avec des bateaux autour de 50 000 à 100 000 euros. Mais la fourchette classique pour l’achat d’un yacht, c’est entre 500 000 euros et 2 millions d’euros.

Les commissions sont réglementées ?
Non, ce sont les parties qui décident entre elles. La moyenne des commissions est de 10% du prix de vente jusqu’à un million d’euros. Et quand le bateau vaut plus d’un million d’euros, le pourcentage baisse peu à peu, comme dans l’immobilier. Entre 50 et 100 millions d’euros, la commission sera autour de 5%. Sur des ventes à 100 millions d’euros, ça peut être même moins que 5%.

Quel est le profil de vos clients ?
Il n’y a pas de profil type. Je touche un large panel de clients. Il y a vraiment de tout. J’ai 70% de Français et 30% d’étrangers. Il y a beaucoup de chefs d’entreprises, des hommes d’affaires, des investisseurs et des gens qui gagnent très bien leur vie.

Sur votre compte Instagram, on peut vous voir sur le yacht de Cristiano Ronaldo ou encore celui de Charles Leclerc. J’imagine que certains de vos clients sont des célébrités…
J’ai effectivement dans mes clients des célébrités françaises de tous les univers : des artistes, des hommes d’affaires, des politiciens, et beaucoup de personnalités du show-business.

On sait qu’en France, l’argent est un sujet tabou. J’imagine que ces célébrités exigent de la discrétion…
Absolument ! C’est la première chose qu’on me demande : la discrétion. 

Vous regrettez qu’en France, il faille presque se cacher quand on a un yacht ?
C’est dommage. En France, on n’a pas la mentalité américaine. Je pense qu’il ne faut pas avoir honte de réussir dans la vie. Si je vois quelqu’un qui a réussi et qui peut se payer un bateau, ça va plus me motiver qu’autre chose. Et puis il y a autre chose qui n’aide pas : en France, les yachts sont mal vus à cause de l’aspect écologique, alors que l’industrie du yachting représente un pourcentage très minime de la pollution au niveau marin. Il faut savoir que les yachts restent à quai 80% du temps. Alors oui, c’est vrai que le yachting pollue. Mais l’impact est beaucoup moins important que ce que pensent les gens. Si on veut entrer dans les détails, il est important de souligner que les yachts doivent respecter beaucoup de normes, notamment les émissions de gaz à effet de serre. Ils doivent utiliser des carburants à faible teneur en soufre pour réduire les émissions de soufre et d’autres polluants. Ils doivent être équipés de systèmes de traitement des eaux usées pour prévenir la pollution des eaux par les déchets humains et les produits chimiques. Et ils doivent respecter les règles de gestion des déchets, notamment en ce qui concerne les déchets ménagers, les batteries et les produits chimiques. Des restrictions d’ancrage sont aussi en place pour éviter la destruction des fonds marins…

Autre chose qui est peu souvent souligné : l’industrie du yacht fait travailler beaucoup de monde…
Oui, il y a beaucoup de corps de métiers. L’industrie du yachting fait bosser énormément de gens. La France est l’un des plus grands pays dans le domaine de la construction navale. Et puis le secteur évolue : on a aujourd’hui des yachts qui sont 100% électriques ou qui fonctionnent à l’énergie solaire, sans aucune batterie.  Les constructeurs travaillent également à utiliser des matériaux renouvelables et recyclables. L’objectif est d’avoir une neutralité carbone d’ici 2030. 

Pour revenir à vous, j’imagine que votre rêve est d’avoir votre propre bateau ?
Oui. Ce n’est pas encore le cas, mais d’ici quelques années j’espère, j’aimerais avoir mon propre bateau. Après, grâce à mon travail, je passe beaucoup de temps dans les bateaux, et mon emploi du temps est très chargé, donc dans l’immédiat, je ne ressens pas le besoin d’avoir mon propre bateau, même si c’est en projet.

Et pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir un bateau, louer un  yacht, ça coûte combien ?
Il y a tous les tarifs, comme pour les voitures.  On peut trouver des petits bateaux qui se louent à la journée pour 500 euros. Et pour avoir un bateau correct, de plus de 10 mètres, il faut compter 1 500 euros la journée. Sachant qu’il est possible de monter à 8 ou 10 personnes dessus. Donc si on divise par le nombre de personnes, louer un bateau pour passer une belle journée en mer est relativement accessible. 

Il y a une anecdote qui vous a marquée depuis que vous êtes yacht broker ?
J’ai des anecdotes de clients, mais ils n’aiment pas trop qu’on communique là-dessus. C’est un métier où il y a beaucoup de choses qu’on ne peut pas dire, que ce soit sur les clients,  l’utilisation de leur bateau ou la façon dont ils l’ont acheté. Il y a énormément de secrets dans ce métier.

Quelle serait votre consécration dans ce métier ?
J’ai plusieurs objectifs. C’est très matérialiste, mais l’un de mes objectifs est symbolique : ce serait de toucher une seule commission à 1 million d’euros. Ce n’est pas si rare dans le métier. Les commissions sont assez élevées, car il y a peu de ventes, et les bateaux peuvent monter à plusieurs dizaines de millions d’euros. Donc il y a des brokers qui touchent des commissions de 2 à 3 millions d’euros. Autre objectif important pour moi : à mon échelle, essayer de rendre mon métier le plus vert possible. L’industrie a beaucoup de retard dans ce domaine, car elle n’a jamais eu le besoin de se renouveler et d’étudier des possibilités pour un avenir plus propre et plus serein pour les futures générations. Donc de mon côté, comme je suis jeune et que j’apporte de la fraicheur dans ce domaine, notamment à travers mes vidéos, l’un de mes objectifs est de trouver et mettre en place le plus tôt possible des solutions pour essayer de rendre ce domaine le plus vert possible. C’est un métier de passion, ceux qui achètent un yacht sont souvent des passionnés de la mer, et je pense qu’on a tous cette volonté de préserver l’univers dans lequel on baigne. 

Pour ceux qui voudraient suivre vos traces, parlez-nous de la formation au métier de yacht broker, que vous avez créée...
J’ai en effet lancé une formation avec mon associé, Sébastien Agius, pour apprendre aux gens le métier de yacht broker. C’est une formation qui dure entre trois et quatre mois et qui permet de débuter dans le métier en partant de rien. (www.yachtbrokerschool.fr/gmag-inscription)

Le mot de la fin ?
C’est un peu bateau, mais si on est passionné par quelque chose, il faut savoir tenter et prendre des risques, parce que ça peut payer. Aujourd’hui, je vis de ma passion, je fais des choses que j’aime, donc il ne faut pas avoir peur et prendre des risques…

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