Interview avec Mathieu Bonnin, chef d’orchestre et… marathonien !

04 mai, 2024 / Jerome Goulon

De Paris à Béziers : Mathieu Bonnin, chef d’orchestre passionné et marathonien à ses heures perdues, nous raconte son envie de bitume et sa recherche de perfection, baguette en main. Il revient notamment sur le « Concerto pour la Paix » récemment joué dans la plus ancienne ville de France…

Clémentine Voireau : Vous avez quitté l’Île-de-France pour vous installer à Béziers. Pourquoi ce changement de vie ?

Mathieu Bonnin : La réflexion s’est faite pendant le premier confinement. Comme beaucoup de Français, le fait de s’arrêter brusquement et de rompre avec la monotonie de la vie parisienne m’a permis de me poser des questions sur ce que je souhaitais réellement dans ma vie. J’avais envie de m’engager dans une ville ou je pourrais être force de proposition et ainsi apporter une plus-value, en opposition parfaite à l’Île-de-France qui regorge de propositions culturelles de toute part. 

En tant que chef d’orchestre et musicien, comment percevez-vous la scène musicale à Béziers, ville la plus ancienne de France, par rapport à la région parisienne ?
À Béziers, nous avons la chance de pouvoir articuler les événements entre les différents théâtres et intervenant afin de proposer une offre musicale cohérente. Et puis la scène musicale à Béziers est en pleine construction, avec une offre de plus en plus importante : une programmation de qualité au théâtre municipal pour des ensembles de musiques de chambre ou  vocaux, des concerts sandwichs deux fois par mois au foyer du théâtre, les grandes productions de ballet de notre salle de concert Zinga Zanga, et surtout le développement d’un conservatoire de 1 200 élèves avec une réelle dynamique et une saison de concerts à part entière. 

C’est très dynamique…
Oui. C’est d’ailleurs grâce au lien avec le conservatoire que l’Orchestre Symphonique Béziers Méditerranée est né, en regroupant des professeurs et les grandes élèves. Autre projet : j’ai décidé cette année d’installer officiellement mon Ensemble Sequentiae à Béziers, chœur et orchestre professionnel, afin d’offrir à la ville une dimension lyrique à la programmation musicale de la cité.

Vous êtes également un passionné de course à pied et avez participé à plusieurs marathons. Comment conciliez-vous cette passion avec votre carrière de chef d’orchestre ?
C’est une passion d’enfance, que j’ai abandonnée à 18 ans pour ne faire que de la musique. C’est à 30 ans que j’ai décidé de m’y remettre progressivement, et je cours maintenant cinq fois par semaine. J’ai fait effectivement de nombreuses courses, notamment l’Urban Trail de Béziers rassemblant des milliers de personnes, où j’ai fini quatrième, l’objectif étant de gagner cette année ! ( Rires ) Plus sérieusement, je n’ai en revanche fait qu’un seul marathon en décembre dernier à Valencia, une véritable leçon de vie, tant la préparation est longue, difficile et exigeante. Pendant ces quatre mois, cela fut honnêtement beaucoup plus difficile de tout allier. La course est un engagement important, mais qui me permet de trouver un équilibre professionnel et personnel et me permet d’être performant dans mon travail de chef d’orchestre. Les sessions de travail avec un orchestre sont souvent longues et tardives et les concerts peuvent être physiques selon le répertoire et l’effectif à diriger. 

Parlons du concert «Concerto pour la Paix», donné avec Omar Harfouch. Quels ont été les défis principaux lors de la préparation de ce concert, en particulier avec la présence d’artistes renommés tels que Anne Gravoin et Michaël Seigle ?
L’exercice du concerto est souvent délicat. Un ou plusieurs instrumentistes sont solistes et dialoguent avec l’orchestre, comme ci celui-ci n’était qu’un seul et même instrument. Pour le « Concerto pour la paix », il a donc fallu beaucoup répéter pour réussir à faire corps entre le piano le violon et l’orchestre. En tant que chef, c’est toujours très impressionnant de se retrouver en collaboration avec une violoniste de renommée mondiale telle que Anne Gravoin : une personnalité très accessible et très à l’écoute de l’orchestre. Concernant Michaël Seigle, C’est une vraie chance pour la ville de Béziers d’avoir un professeur de ce niveau au conservatoire Béziers Méditerranée. Il est arrivé l’année dernière et fait rayonner le conservatoire par sa bonne humeur, son exigence musicale et son talent. Comme nous nous connaissons bien depuis son arrivée à Béziers nous avons pu développer une réelle amitié qui je crois s’est ressentie pendant le concerto de Mendelssohn qu’il a interprété avec brio. 

Quels sont vos  prochains projets ?
Tout d’abord, avec mon Ensemble Sequentiae, nous donnerons le magnifique Messie de Haendel à travers la France : après Paris le 27 avril, Chartres le 25 mai, le Pecq le 26 mai, Granville le 10 août et Crest le 13 août ( www.ensemblesequentiae.com ). Je vais mettre l’accent sur deux événements se déroulant à Béziers. Parallèlement à mon activité de chef d’orchestre, je suis chef de chœur et j’ai développé une maîtrise d’enfants de 10 à 17 ans au conservatoire Béziers Méditerranée. Avec ce chœur, nous donnons de la musique sacrée, de la comédie musicale, du rock, de l’opéra et les 5 et 6 juin, ils donneront l’opéra « L’Enfant et les Sortilèges » de Ravel au théâtre des Franciscains. J’ai à cœur depuis mon arrivée à Béziers de développer une activité de spectacle pour enfants. Et puis, des projets de comédie musicale sont en cours pour la prochaine saison. Pour finir, le second concert que je souhaite mettre en valeur est Carmina Burana, qui sera donné au Zinga Zanga à Béziers le 5 mai prochain : 300 choristes sur scène émanant des différents chœurs du Biterrois seront présents. Ils seront accompagnés par l’Orchestre Symphonique Béziers Méditerranée qui sera élargi pour l’occasion vu l’ampleur du projet. Les places pour ces deux concerts sont déjà en vente sur le site de l’office du tourisme de Béziers.