INSOLITE : Un voyageur porte plainte contre un contrôleur qui lui a dit « bonjour » en français alors que le train se trouvait… En Flandre

Entrevue 1

En lançant un « goeiemorgen/bonjour » en français et en flamand, dans un train circulant en Flandre, ce contrôleur de train s’est retrouvé malgré lui au cœur d’un débat politique enflammé.

La scène se déroule le 7 octobre, dans un train entre Malines et Bruxelles, une courte distance d’environ 25 kilomètres. Le contrôleur, Ilyass Alba s’adresse aux voyageurs par un « goeiemorgen/bonjour » bilingue. Insurgé, un passager néerlandophone lui répond : « On n’est pas encore à Bruxelles, vous devez seulement utiliser le néerlandais ! » Mais, ce qui n’était qu’une réflexion, s’est transformée en une plainte officielle déposée auprès de la Commission permanente de contrôle linguistique (CPCL), une instance chargée de veiller au respect des règles linguistiques en Belgique.

C’est le contrôleur en question, qui a relaté les faits sur ses réseaux sociaux il y a trois jours, le 18 décembre : « un voyageur a porté plainte et saisi la commission concernant les usages des langues, car je suis entré dans un compartiment de voyageurs en disant ‘Goeiemorgen-Bonjour’ juste avant d’arriver à Vilvorde et, selon lui, je devais simplement dire « Goeiemorgen ». Au téléphone, il ne veut pas en dire plus mais reconnaît volontiers une « histoire vraiment très bizarre ».

L’histoire est effectivement « très bizarre » mais pour rappel, la Belgique est divisée entre Wallons, dans le sud francophone, et Flamands, dans le nord néerlandophone. Bruxelles est la seule région bilingue. Et la règle sur l’usage du français et du néerlandais dans les trains belges reste complexe. Les contrôleurs, appelés accompagnateurs en Belgique, ne doivent utiliser les deux langues que sur le territoire de Bruxelles et dans les quelques communes où l’administration est aussi bilingue. Ailleurs, ils doivent toujours s’exprimer dans la langue de la région où ils se trouvent.

L’événement a immédiatement pris une tournure politique. Les médias belges se sont saisis de la polémique et beaucoup d’internautes réagissent pour demander un changement de règlementation.
Le sujet a même fait irruption dans les débats jeudi 19 décembre au Parlement. Interpellé par deux députés flamands, le ministre de la Mobilité, l’écologiste francophone Georges Gilkinet, a pris la défense du contrôleur, Ilyass Alba, et appelé à « dépoussiérer une législation du siècle dernier ».
De son côté, la SNCB (l’équivalent de la SNCF en Belgique) appelle à une application plus souple de ces règles. « Dire bonjour en plusieurs langues, c’est juste une marque de politesse. Les voyageurs apprécient cela », a déclaré un porte-parole de l’entreprise.
La CPCL, qui examine la plainte, a six mois pour rendre un avis, lequel sera purement consultatif. Un débat qui n’est pas simple. Comme bonjour.

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