Infrastructures stratégiques à Beyrouth : la fin de l’emprise du Hezbollah ?

Entrevue 1

Depuis plusieurs années, le Hezbollah est accusé de maintenir une mainmise sur le port et l’aéroport de Beyrouth, deux infrastructures stratégiques du pays. Ces accusations, relayées tant par des opposants internes que par la communauté internationale, ont récemment conduit l’armée libanaise à renforcer sa présence et à sécuriser ces sites sensibles. Selon une source militaire de haut rang citée par L’Orient-Le Jour, ce déploiement vise à rassurer les puissances occidentales quant à une séparation entre le Hezbollah et les institutions étatiques, tout en cherchant à éviter un éventuel blocus.

Un enjeu stratégique de taille

Le contrôle de ces infrastructures est vital pour le Liban, non seulement d’un point de vue militaire, mais aussi économique. En envoyant des signaux clairs à la communauté internationale sur une distanciation avec le Hezbollah, l’État libanais espère dissuader Israël de cibler à nouveau ces sites, comme cela s’est produit par le passé. Cela s’inscrit également dans une stratégie plus large, visant à préparer l’après-guerre et à renforcer l’application de la résolution 1701 des Nations unies, qui encadre notamment le désarmement des milices au Liban.

L’implication du Hezbollah dans les activités du port et de l’aéroport, notamment à travers des accusations de contrebande d’armes, a longtemps fait l’objet de spéculations. L’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, provoquée par l’entreposage de nitrate d’ammonium, a ravivé les tensions autour du rôle du Hezbollah dans la gestion de ces infrastructures. Bien que le parti chiite ait nié toute responsabilité, l’ombre de cette tragédie plane encore sur les débats.

La réponse militaire et étatique

L’armée libanaise, sous pression internationale et nationale, semble aujourd’hui déterminée à affirmer son contrôle. Des inspections minutieuses ont été renforcées, réduisant ainsi les marges de manœuvre pour toute activité illégale, qu’il s’agisse de contrebande ou d’importation d’équipements militaires. La récente infiltration du système de contrôle aérien de l’aéroport international de Beyrouth par l’armée israélienne a illustré l’importance de sécuriser cet espace stratégique, Israël accusant régulièrement l’Iran de faire transiter des armes à destination du Hezbollah via des vols civils.

Cette réaffirmation de l’autorité étatique s’accompagne d’une volonté de redresser la situation économique du pays. En réduisant l’évasion fiscale et en luttant contre la contrebande, le contrôle renforcé de l’armée pourrait contribuer à rétablir une partie des recettes douanières dont l’État libanais a cruellement besoin. En 2023, il a été estimé que l’évasion fiscale représentait 4,8 % du PIB, une perte substantielle pour une économie déjà en grande difficulté.

Malgré ces avancées, les critiques subsistent. Certains observateurs estiment que ce contrôle renforcé ne suffira pas à résoudre les problèmes structurels du pays, notamment la corruption au sein de l’administration douanière. Par ailleurs, l’influence persistante du Hezbollah sur certaines institutions continue d’alimenter les tensions internes, en particulier avec les forces d’opposition. Le débat reste ouvert sur la nécessité d’étendre ces mesures de contrôle à d’autres points de passage, notamment à la frontière syrienne, afin d’empêcher tout transfert illégal d’armes ou de marchandises.

En conclusion, le Liban tente de reprendre le contrôle de ses infrastructures stratégiques dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu. Le succès de cette entreprise dépendra non seulement de la capacité de l’État à affirmer son autorité, mais aussi de sa volonté de réformer en profondeur ses institutions.

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