Inde : Modi remporte un troisième mandat malgré une majorité parlementaire réduite

Entrevue 1

Le Premier ministre indien Narendra Modi a revendiqué la victoire aux élections législatives du 4 juin, marquant le début de son troisième mandat. Cependant, cette victoire s’accompagne d’une majorité parlementaire affaiblie, obligeant son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP), à s’appuyer sur des alliés pour gouverner. Avec 99 % des bulletins dépouillés, le BJP et ses alliés détiennent 291 sièges, dépassant les 272 nécessaires pour la majorité à la chambre basse de 543 sièges. Toutefois, le BJP seul n’a obtenu que 239 sièges, une baisse significative par rapport aux 303 sièges remportés en 2019.

Une opposition renforcée

Le Congrès, principal parti d’opposition, a presque doublé son nombre de sièges, passant de 52 en 2019 à 99 sièges. Rahul Gandhi, chef du Congrès, a exprimé sa satisfaction, déclarant que le pays avait rejeté Modi. Rajeev Shukla, député du Congrès, a qualifié le résultat de « défaite morale » pour le BJP. Cette montée en puissance de l’opposition est attribuée à des alliances stratégiques visant à présenter des candidats uniques contre le BJP.

Réactions et impact économique

Le résultat inattendu a eu un impact sur les marchés financiers. L’indice de référence Sensex a chuté de plus de 7 % avant de clôturer en baisse de 5,7 %. Le cours de l’entreprise de Gautam Adani, allié clé de Modi, a dégringolé de 25 %. Malgré ces turbulences, Modi reste populaire après deux mandats, affirmant que le peuple indien a voté massivement pour son réélection.

Défis et perspectives

Narendra Modi devra désormais composer avec ses alliés de coalition pour faire avancer ses projets législatifs. Les analystes estiment que cette dépendance pourrait compliquer la mise en œuvre de politiques radicales, notamment celles touchant aux droits des minorités religieuses. Le BJP devra également répondre aux préoccupations économiques croissantes des électeurs, telles que le chômage et les inégalités, qui ont influencé le vote en faveur de l’opposition.

Une démocratie sous tension

L’opposition et les défenseurs des droits humains accusent Narendra Modi de favoriser les hindous, majoritaires en Inde, au détriment des minorités, notamment les musulmans. Des institutions internationales comme Freedom House ont critiqué l’utilisation des institutions gouvernementales pour cibler les opposants politiques. Le taux de participation aux élections s’est élevé à 66,3 %, légèrement en baisse par rapport à 2019, en partie à cause des vagues de chaleur extrême dans le nord de l’Inde.

Réactions internationales et avenir incertain

La communauté internationale a réagi aux résultats des élections. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le gouvernement japonais ont félicité Modi pour sa victoire. Cependant, des observateurs comme le Guardian et le Süddeutsche Zeitung soulignent les défis à venir pour Modi, notamment la difficulté de faire passer des politiques axées sur l’hindouisme et la préservation des droits des minorités.

En conclusion, Narendra Modi entame son troisième mandat avec une majorité parlementaire réduite et une opposition renforcée. La nécessité de former une coalition pourrait limiter sa capacité à mettre en œuvre des réformes radicales, tout en soulignant l’importance croissante des préoccupations économiques et sociales dans le paysage politique indien.

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