L’Allemagne, longtemps citée comme un modèle de stabilité politique et économique, entre dans une zone de turbulences majeures. Ce vendredi, le président Frank-Walter Steinmeier a annoncé la dissolution du Bundestag, ouvrant la voie à des élections législatives anticipées fixées au 23 février. Cette décision fait suite à l’effondrement de la coalition d’Olaf Scholz et à la perte de son vote de confiance en décembre.
Une coalition éclatée, un pays fragilisé
La coalition qui unissait le SPD, les Verts et les libéraux du FDP depuis 2021 n’aura pas survécu aux différends internes. Le limogeage du ministre des Finances, Christian Lindner (FDP), en novembre, a été le point de rupture d’une alliance minée par des désaccords sur la politique budgétaire. Scholz, incapable de maintenir l’ordre au sein de son gouvernement, a choisi la fuite en avant en provoquant des élections anticipées.
Ce chaos intervient dans un contexte économique désastreux. L’Allemagne, pilier de l’Union européenne, est désormais au bord de la récession pour la deuxième année consécutive. L’industrie allemande vacille face à la concurrence mondiale, tandis que les prix de l’énergie et la crise du logement exacerbent le mécontentement populaire.
Les premiers sondages donnent une nette avance aux conservateurs de la CDU, menés par Friedrich Merz, avec environ 32 % des intentions de vote. Derrière, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti nationaliste et critique de l’immigration, progresse à 19 %. Les sociaux-démocrates de Scholz s’effondrent à 15 %, à peine devant les Verts. Mais au-delà des chiffres, c’est un climat de défiance généralisée qui pèse sur cette élection. Près des trois quarts des Allemands ne font plus confiance à leurs élus. Les conservateurs appellent à un retour à la rigueur budgétaire et à un recentrage sur les intérêts nationaux, tandis que l’AfD capitalise sur les inquiétudes liées à l’immigration et à la sécurité.
L’attaque tragique du marché de Noël de Magdebourg, qui a fait cinq morts et plus de 200 blessés, a ravivé les tensions. L’auteur présumé, un réfugié saoudien, était déjà connu des services sociaux pour son instabilité. Cet événement, utilisé par l’AfD pour demander une fermeture totale des frontières, illustre l’urgence d’un contrôle strict des flux migratoires.
Frank-Walter Steinmeier a également mis en garde contre les dangers de l’ingérence étrangère, évoquant notamment l’influence des réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter). Le chef de l’État a dénoncé la diffusion massive de fausses informations, soupçonnant des acteurs extérieurs, notamment russes, de chercher à influencer le scrutin.
Un moment de vérité pour l’Europe
Cette crise politique en Allemagne survient alors que son principal partenaire, la France, fait face à une instabilité similaire, avec un président Macron en perte d’autorité. Ce double affaiblissement des deux moteurs européens pourrait redessiner les équilibres au sein de l’UE. Dans ce contexte, le scrutin du 23 février sera bien plus qu’une simple élection nationale : il décidera de l’avenir d’un pays et de son rôle au cœur d’une Europe en quête de repères. Le peuple allemand, longtemps fier de sa stabilité et de son modèle, est désormais face à un choix historique.