Immigration en France : portrait chiffré et analyse des origines
L’INSEE a récemment publié de nouvelles données qui mettent en lumière des aspects cruciaux de l’immigration en France, offrant une vision détaillée de l’évolution des flux migratoires et de leur impact sur le pays.
En 2023, la France comptait 7,3 millions d’immigrés, représentant 10,7 % de la population totale. Ce chiffre marque une augmentation significative par rapport à 1968, où les immigrés ne représentaient que 6,5 % de la population. L’Insee définit un immigré comme une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Cette population inclut ceux qui ont acquis la nationalité française mais sont toujours considérés comme immigrés.
L’Afrique se distingue désormais comme le principal continent d’origine des immigrés en France. En effet, près de la moitié (48 %) des 7,3 millions d’immigrés vivant en France en 2023 sont nés en Afrique. Parmi eux, une majorité provient du Maghreb, avec 35 % venant du Maroc et de la Tunisie, et 26 % d’Algérie. En comparaison, les immigrés d’Europe représentent 32 % du total, principalement originaires du Portugal, d’Espagne et d’Italie. L’Asie, troisième continent d’origine, représente 14 % de la population immigrée, avec un million de personnes. Enfin, 6 % des immigrés viennent d’Amérique ou d’Océanie.
Un autre aspect marquant révélé par l’Insee est la diversification progressive des origines des immigrés au fil des décennies. En 1968, les immigrés provenant de pays comme l’Espagne, l’Italie, le Portugal, le Maghreb, la Turquie et l’Asie du Sud-Est formaient les trois quarts de la population immigrée. Aujourd’hui, ces groupes ne représentent plus que la moitié, laissant place à une immigration croissante en provenance d’autres régions d’Europe, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Océanie. Cette diversification est particulièrement visible avec la forte augmentation du nombre d’immigrés originaires d’Afrique sahélienne, guinéenne ou centrale, qui a doublé depuis 2006.
Les raisons de l’immigration varient également selon les régions d’origine. Les immigrés africains viennent majoritairement en France pour des raisons familiales (46 %), tandis que 23 % cherchent un emploi, 22 % suivent des études, et 11 % fuient des situations d’insécurité ou des troubles politiques. Pour les immigrés européens, le travail est la première motivation (37 %), suivi par les raisons familiales (34 %). Les immigrés asiatiques, quant à eux, viennent principalement pour des motifs familiaux (43 %) et sécuritaires (25 %), avec une part notable venant pour étudier ou travailler.
L’intégration des immigrés présente aussi des défis spécifiques. Par exemple, les immigrés venus d’Asie maîtrisent moins bien la langue française que ceux originaires d’autres régions. Parmi ceux arrivés après l’âge de trois ans, seulement 25 % déclarent une très bonne maîtrise du français, comparé à 44 % des immigrés européens et 60 % des immigrés africains. Cette difficulté s’explique en partie par la moindre présence historique du français en Asie et par la distance linguistique entre le français et les langues asiatiques.
Enfin, l’Insee souligne un phénomène de déclassement professionnel particulièrement marqué chez les immigrés africains. Environ 32 % d’entre eux estiment que leur emploi actuel ou dernier en date est inférieur à leurs compétences, contre 26 % pour les immigrés européens et asiatiques, et 24 % pour les non-immigrés. De plus, parmi ceux qui ont travaillé avant et après leur migration, 26 % des immigrés africains occupent ou ont récemment occupé un emploi moins qualifié que celui qu’ils avaient avant de quitter leur pays d’origine. Ce chiffre est légèrement inférieur pour les immigrés asiatiques (23 %) et européens (20 %).
Ces chiffres mettent en lumière non seulement l’évolution démographique de la France, mais aussi les défis complexes liés à l’intégration et à la reconnaissance professionnelle des immigrés.