Immigration : Ces migrants expulsés en jet privé aux frais des contribuables

17 novembre, 2024 / Entrevue

La gestion des migrations irrégulières en Europe soulève des débats complexes, notamment sur les moyens employés pour les expulsions. Une récente enquête de l’émission « Cash Investigation », diffusée sur France 2, a levé le voile sur des opérations de reconduite de migrants effectuées en jet privé depuis la France vers d’autres pays de l’Union européenne. Des pratiques discrètes, coûteuses et controversées.

Des expulsions sous haute discrétion

À Orléans, un jet privé de la police des frontières a été observé lors d’une de ces missions d’expulsion. Grâce à des outils de suivi aérien, les journalistes ont retracé son vol en direct jusqu’à Vienne, en Autriche. Ces vols, organisés dans le cadre du règlement européen Dublin, visent à renvoyer les migrants vers le pays par lequel ils sont entrés en Europe. En effet, les accords de Dublin imposent à ce pays d’origine d’examiner la demande d’asile.

Un policier de l’unité spécialisée dans ces escortes (UNESI), intervenant sous anonymat, confirme : « Il s’agit principalement de réadmissions Dublin. Ces personnes sont remises au pays d’entrée en Europe, conformément aux accords. »

Ces vols privés, réalisés en toute discrétion, suscitent des interrogations sur leur coût. Alors que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, affiche une volonté de fermeté sur l’exécution des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), ces opérations pèsent lourdement sur les finances publiques. Si aucune estimation officielle n’a été communiquée, les enquêtes journalistiques pointent des dépenses considérables, supportées par les contribuables.

Un cadre légal, mais des pratiques discutées

Les autorités françaises défendent ces expulsions en affirmant respecter strictement le règlement européen. Cependant, certains agents de douane eux-mêmes admettent ne pas toujours comprendre les directives qu’ils appliquent. « Nous suivons les ordres », déclare l’un d’eux, évoquant des instructions souvent floues.

Avec un taux d’exécution des OQTF inférieur à 10% en 2023, le débat autour de l’immigration illégale et des reconduites à la frontière reste vif en France. Une partie de l’opinion publique réclame une application plus stricte des décisions judiciaires, alors que d’autres dénoncent les méthodes employées et leurs implications financières et humaines.