Huit migrants périssent dans un naufrage tragique au large d’Ambleteuse

Entrevue 1

Ce dimanche, la Manche a été le théâtre d’une nouvelle tragédie migratoire. Huit migrants ont perdu la vie lors du naufrage de leur embarcation clandestine près d’Ambleteuse, dans le Pas-de-Calais. Cette catastrophe survient à peine deux semaines après le pire naufrage de l’année, survenu le 3 septembre, qui avait déjà causé la mort de douze personnes.

Dans la nuit de samedi à dimanche, une embarcation transportant environ 60 personnes a tenté de traverser la Manche vers l’Angleterre. Peu avant minuit, le bateau, surchargé et manquant de gilets de sauvetage — seuls un passager sur six était équipé — a été pris dans des difficultés majeures. Selon Jacques Billant, préfet du Pas-de-Calais, le bateau s’est échoué sur des rochers et s’est déchiré, provoquant la mort de huit migrants. Les victimes étaient des hommes adultes originaires d’Érythrée, du Soudan, de Syrie, d’Afghanistan, d’Égypte et d’Iran. Six survivants ont été hospitalisés, dont un nourrisson de dix mois souffrant d’hypothermie.

Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête sur cette tragédie, confiée à la section de recherches de la gendarmerie maritime et à l’Office de lutte contre le trafic de migrants (OLTIM). Cette enquête vise à élucider les circonstances exactes du naufrage et à poursuivre les responsables de ce drame. Depuis le début de l’année, 238 passeurs ont été interpellés, mais les traversées continuent malgré les efforts pour limiter ces activités.

Le nombre de décès parmi les migrants tentant de traverser la Manche en 2024 a atteint 46, faisant de cette année la plus meurtrière depuis le début de cette crise migratoire en 2018. Le mauvais temps et les conditions de mer difficiles aggravent encore les risques pour ces voyageurs désespérés. Les tentatives de traversée se sont intensifiées avec les conditions météo plus favorables ces derniers jours. Entre vendredi et samedi, 200 naufragés ont été secourus dans la région du Pas-de-Calais, tandis que 18 tentatives de départ ont été observées en une seule journée.

Ce nouveau drame a suscité de vives réactions de la part des associations de défense des droits des migrants. Yann Manzi, cofondateur de l’association Utopia56, a accusé les États français et britannique de ne pas faire assez pour protéger les migrants. Il a affirmé que les politiques migratoires actuelles sont inadaptées et que les voies légales d’immigration doivent être considérablement élargies pour prévenir de telles tragédies. De son côté, Filippo Grandi, haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, a souligné l’importance de créer des routes migratoires sûres pour réduire le nombre de décès.

Les autorités britanniques, sous le nouveau gouvernement travailliste dirigé par Keir Starmer, ont promis de renforcer la lutte contre l’immigration illégale et les passeurs. Cependant, les critiques affirment que ces mesures sont insuffisantes pour endiguer la vague de naufrages et sauver des vies.

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