La recomposition de la gauche se poursuit. Ce samedi 28 septembre 2024, dans le village de Bram (Aude), la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a rassemblé des figures clés de la social-démocratie pour les Rencontres de la gauche, marquant une volonté de structurer une alternative claire à La France Insoumise (LFI) et au gouvernement de Michel Barnier.
Parmi les invités de marque, on retrouvait l’ancien président François Hollande, l’ex-premier ministre Bernard Cazeneuve et Raphaël Glucksmann, leader de Place Publique. Tous sont venus pour afficher leur unité et leur détermination à incarner une gauche de gouvernement qui se distingue de l’alliance à gauche menée par LFI. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, avait décliné l’invitation, accentuant les fractures internes au PS, et symbolisant son isolement face à cette dynamique émergente.
Carole Delga n’a pas mâché ses mots, affirmant que cette gauche doit « préparer son retour au pouvoir » et qu’elle est la seule à être capable de concilier justice sociale et écologie tout en valorisant le dialogue avec l’entreprise, un contraste évident avec la ligne plus radicale de Jean-Luc Mélenchon et ses alliés.
LFI, un « obstacle » à la gauche de gouvernement
Les critiques à l’encontre de LFI ont fusé tout au long des discussions. François Hollande a estimé que l’obsession pour la radicalité et les surenchères médiatiques de LFI empêche la gauche de peser véritablement dans le débat politique. Selon Raphaël Glucksmann, la « stratégie du tout ou rien » menée par Jean-Luc Mélenchon a coûté à la gauche l’opportunité de nommer un Premier ministre après les élections législatives.
Bernard Cazeneuve, souvent cité comme une figure de rassemblement pour cette gauche rénovée, a également dénoncé la domination de LFI comme un « obstacle au retour de la gauche au pouvoir », tout en affirmant qu’elle favorise indirectement le vote pour le Rassemblement National (RN).
Avec plus de 2 200 personnes rassemblées pour cet événement, Carole Delga peut se targuer de réunir un véritable front de la social-démocratie. À leurs côtés, des personnalités comme le maire de Marseille Benoît Payan, Nicolas Mayer-Rossignol (Rouen), ou encore Valérie Rabault ont également affiché leur soutien. Pour ces figures, le défi est clair : reconstruire une gauche crédible et capable de gouverner au-delà de 2027.
L’événement de Bram marque ainsi une étape clé dans la structuration d’une gauche anti-LFI. Le message est clair : une partie du PS et de la social-démocratie ne souhaite plus se laisser entraîner dans une alliance qui, à leurs yeux, nuit à la crédibilité et à la capacité d’incarner une gauche modérée et responsable.
Objectif : 2027
Au-delà des critiques contre LFI, l’enjeu est de se positionner pour la présidentielle de 2027. François Hollande, plus discret ces dernières années, a profité de cette rencontre pour appeler à la reconstruction d’une force social-démocrate et à se projeter vers l’avenir. Si la gauche veut revenir au pouvoir, elle doit désormais s’unir et se détacher des polémiques internes qui minent sa cohésion.
Ce rassemblement est perçu comme un prélude à une recomposition du paysage politique à gauche, avec en toile de fond le prochain congrès du Parti socialiste en 2025. Les ambitions des uns et des autres se dessinent déjà, et le spectre d’une candidature d’un Bernard Cazeneuve, capable de rallier la gauche modérée et les déçus de LFI, se profile de plus en plus nettement.
La bataille pour l’âme de la gauche ne fait que commencer, et les Rencontres de Bram marquent un tournant dans cette lutte pour le leadership. Une chose est certaine : face à LFI et au RN, la gauche social-démocrate veut peser à nouveau dans le débat national.