Hervé Moreau : « Les Frères musulmans veulent abattre la démocratie pour islamiser la France »

Entrevue 1

Dans un entretien exclusif accordé à Entrevue, Hervé Moreau, ancien capitaine de gendarmerie et auteur du livre Vérités d’un capitaine de gendarmerie (éditions Magnus), partage son regard incisif sur les défis auxquels sont confrontées les forces de l’ordre en France. Entre dénonciation de l’hyperviolence, montée de l’islamisme radical et sentiment d’impunité des délinquants, il revient sur les raisons qui l’ont poussé à briser son devoir de réserve pour alerter l’opinion publique. Une prise de parole forte et sans concession.

Quelles expériences personnelles ou professionnelles vous ont le plus marqué et poussé à écrire ce livre ? Quel a été le déclic ?

Hervé Moreau : C’est en 2018 que j’ai pris la décision d’écrire ce livre. L’élément déclencheur en a été constitué par une affaire de violences perpétrées à l’encontre d’une femme. Nous avions déféré l’auteur à la justice, mais il a été remis en liberté, avant de recommencer à s’en prendre à cette même victime. Ce fut l’affaire de trop pour moi. J’en ai été scandalisé et mortifié, surtout qu’à l’époque, le gouvernement clamait que « la protection des femmes est notre priorité ». La communication et l’enfumage, ça suffit. On attend et on veut des actes.  La réalité, c’est que ces femmes, ces victimes, ne sont pas protégées, ni défendues. J’ai voulu révéler cette vérité, parmi tant d’autres.

Votre livre a d’abord été auto-édité, puis réédité avec une version augmentée. Qu’est-ce qui a changé entre ces deux versions ?

La première version était une alerte. Je me considère comme un lanceur d’alerte. J’avais abordé l’hyperviolence, l’émergence des gangs, les violences urbaines et l’intégrisme islamique. Mais il y a quatre ans, certains de ces phénomènes étaient encore balbutiants. Depuis, tout cela s’est exacerbé. La nouvelle version reprend et approfondit ces sujets, tout en intégrant de nouvelles affaires criminelles et des réflexions nourries par les retours que j’ai reçus, notamment de gendarmes, policiers et membres de l’administration pénitentiaire. Cela m’a permis d’enrichir et d’actualiser très nettement mon analyse et donc d’obtenir une version bien plus aboutie. Et mon lectorat, ancien et nouveau, me le confirme chaque jour, par les retours qu’il m’adresse.

Pourquoi, à votre avis, si peu de membres des forces de l’ordre osent s’exprimer publiquement ?

C’est une combinaison de discipline, de conformisme et de peur des représailles. Dans les forces armées et les services d’ordre, on se dit souvent : à quoi bon ? Personnellement, j’ai payé le prix de ma liberté expression : blâme de la ministre de la Défense, 40 jours d’arrêts de rigueur, contrôles fiscaux, démission, difficultés diverses. Mais cela a constitué un moteur pour moi et la violence des représailles émanant du pouvoir m’a confirmé que ce message était hautement nécessaire. Il importait d’encourager d’autres à parler. Hélas, les exemples restent rares. Quoi qu’il en soit le grand public y a été très sensible et le succès du livre m’a donné raison.

Parmi les problématiques que vous dénoncez – hyperviolence, islamisme, impunité – laquelle représente, selon vous, le plus grand danger pour la France ?

Incontestablement, l’intégrisme islamique. C’est un cancer qui infiltre tous les secteurs : associations, écoles, sport… J’ai appris l’arabe à Saint-Cyr et j’ai côtoyé des Frères musulmans dans ma carrière. Ils m’ont souvent dit : « Nous avons le temps pour nous. Nous voulons diffuser la pensée islamique, et un jour, nous abattrons la démocratie pour faire de la France une terre islamique. » Ils utilisent la démographie et les failles du système pour avancer. C’est une menace absolue.

Vous parlez aussi de l’état de découragement des forces de l’ordre. Comment le décririez-vous ?

Mes anciens collègues sont écœurés par le laxisme judiciaire. Les démissions explosent : entre 10 000 et 12 000 gendarmes quittent la gendarmerie chaque année. Et c’est sensiblement pareil pour la police. Beaucoup ont la certitude de travailler pour rien. Cette impunité alimente la récidive et une violence sans fin. Les multirécidivistes, qui ont parfois 10, 15, voire 20 condamnations, ne sont pas incarcérés. Et ça, c’est insupportable.

Que faudrait-il changer pour inverser la tendance ?

Plusieurs mesures sont essentielles : augmenter les places de prison – il en manque au moins 50 000 –, abaisser la majorité pénale à 15 ans, et simplifier la procédure pénale, qui protège davantage les délinquants que les victimes. Sans cela, nous ne répondrons jamais aux attentes de la population.

Après votre carrière militaire, vous vous êtes engagé en politique. Quelle est votre vision de la classe politique actuelle ?

La politique est essentielle pour changer les choses, mais elle est gangrenée par des arrivistes qui se soucient peu de l’intérêt général. J’ai beaucoup d’espoir en des personnalités comme Bruno Retailleau, mais il reste limité par un gouvernement sans vraie majorité et un président qui n’a pas fait grand-chose pour la sécurité et la protection de nos concitoyens.

Vous appelez à éveiller les consciences. Quel rôle voyez-vous pour les citoyens dans cette prise de conscience ?

Les citoyens doivent s’informer et choisir leurs représentants en toute connaissance de cause. Voter par dépit ou en désespoir de cause n’est plus acceptable. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour placer au pouvoir des femmes et des hommes sincères, vertueux et véritablement désireux d’agir. On nous a trompés pendant assez longtemps. L’avenir est à la vérité et aux actes. 

Propos recueillis par Radouan Kourak

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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