Hénin-Beaumont : les artistes en grève contre la mainmise du RN sur le théâtre L’Escapade

Hénin-Beaumont : les artistes en grève contre la mainmise du RN sur le théâtre L’Escapade

Depuis ce jeudi soir, le théâtre L’Escapade à Hénin-Beaumont est le théâtre d’une grève illimitée lancée par les comédiens et techniciens, en réponse à un appel de la CGT Spectacle. Ce mouvement de protestation vise à dénoncer les « pressions salariales » et l’« ingérence » de la mairie, dirigée par Steeve Briois (Rassemblement national) depuis 2014, dans la gestion de ce lieu culturel emblématique.

Le collectif « L’Intruse », qui devait se produire sur scène ce soir, a décidé de suspendre sa représentation. « Nos intermittents vont se mettre en grève et tiendront un piquet pour informer le public », a déclaré Camille, comédienne de la troupe, qui a préféré garder l’anonymat. La CGT Spectacle et les travailleurs du théâtre reprochent à la municipalité des décisions unilatérales, telles que la signature d’une nouvelle convention permettant à la mairie de prendre le contrôle du lieu avec un préavis de 60 jours.

Le directeur du théâtre, Jean-Yves Coffre, en arrêt maladie depuis août et sous la menace d’un licenciement pour harcèlement moral (accusations qu’il conteste), n’a pas été consulté sur cette convention. Le syndicat et les artistes craignent que la municipalité ne profite de cette situation pour municipaliser le théâtre, mettant ainsi fin à l’indépendance culturelle de L’Escapade.

Les tensions sont montées d’un cran le 25 septembre lors de l’ouverture de la saison, avec des prises de parole du collectif et du Syndicat national des arts vivants (Synavi), dénonçant une tentative de « reprise en main » du théâtre par la mairie. Christopher Szczurek, sénateur et chef de la majorité RN au conseil municipal, a démenti ces accusations, affirmant que la subvention annuelle de 300 000 euros allouée au théâtre avait toujours été maintenue.

Malgré les dénégations de la municipalité, les artistes craignent que la culture locale ne soit mise au pas, dans une logique similaire à celle observée en Italie sous Giorgia Meloni, où les institutions culturelles sont discrètement réorganisées sous contrôle politique. La grève pourrait se prolonger, menaçant d’annuler d’autres spectacles, comme « Bord de mer » et « La Trempe », prévus en octobre.

Pour les artistes et les syndicats, le combat dépasse la simple question de la gestion du théâtre : il s’agit de défendre l’indépendance culturelle face à ce qu’ils perçoivent comme une mainmise politique insidieuse.

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