Hassan Guerrar, connu dans le milieu du cinéma français comme un attaché de presse influent, passe derrière la caméra pour la première fois avec Barbès, Little Algérie. Sorti le 16 octobre 2024, ce long-métrage marque une nouvelle étape dans la carrière de cet homme, longtemps resté dans l’ombre des réalisateurs et des stars qu’il a accompagnés pendant plus de quarante ans.
À 57 ans, Hassan Guerrar n’est pas un inconnu du 7ème art. Depuis ses débuts dans les années 1980, il a travaillé avec des figures majeures du cinéma français, comme Abdellatif Kechiche, Céline Sciamma ou encore Thierry de Peretti, en tant qu’attaché de presse et conseiller. Surnommé « François » dans le milieu, il a longtemps masqué ses origines avant de réaffirmer son identité algérienne il y a une quinzaine d’années. Cet acte de reconquête personnelle s’inscrit dans une trajectoire riche en rebondissements, où son parcours entre l’Algérie et la France a nourri son regard sur les questions d’identité et de migration.
Pour ce premier film, Guerrar a choisi de s’attaquer à un territoire qu’il connaît intimement : le quartier de Barbès à Paris. Ce choix n’est pas anodin. Attaché à ce lieu qu’il considère comme une « petite Algérie » au cœur de la capitale, il y trouve l’occasion de raconter les histoires de ceux qui, comme lui, sont partagés entre deux cultures. Le film, en partie autobiographique, s’inspire de sa propre vie et de son lien profond avec la communauté algérienne du quartier.
En tant que réalisateur autodidacte, Guerrar a su s’entourer de talents reconnus, comme le rappeur et acteur Sofiane Zermani (Fianso), qui incarne le rôle principal de Malek. Ce choix d’acteur s’est imposé comme une évidence pour le cinéaste, qui souhaitait ancrer son récit dans une réalité contemporaine et authentique. De même, il a fait appel à des figures locales et des acteurs issus du milieu associatif pour recréer cette ambiance particulière de Barbès, où l’entraide et la débrouille se croisent.
Tourné en grande partie durant la période de la pandémie de Covid-19, Barbès, Little Algérie a bénéficié de conditions de production uniques. Avec un quartier parisien souvent déserté par les touristes et une équipe réduite, Guerrar a pu capter l’essence de Barbès sans artifice, en filmant la vie quotidienne et les dynamiques de solidarité de la communauté algérienne. Le réalisateur, qui a lui-même traversé des périodes d’engagement associatif dans le quartier, s’est inspiré de ses expériences personnelles pour insuffler au film une touche d’authenticité.
Le film, en plus de son message de vivre-ensemble, témoigne de la volonté de Guerrar de donner une voix à des histoires souvent peu racontées au cinéma français, celles des quartiers populaires et de leurs habitants. Pour un premier long-métrage, Hassan Guerrar montre qu’il possède déjà un regard aiguisé et une compréhension intime des enjeux humains qu’il aborde.