La Fédération française de basket-ball (FFBB) est secouée par une affaire de harcèlement sexuel et moral impliquant Johann Jeanneau, arbitre formateur et salarié de l’institution depuis 2005. Face à plusieurs accusations, il a été suspendu à titre conservatoire le 12 février, tandis qu’une enquête interne est en cours après la réception de cinq signalements depuis fin décembre.
L’affaire a éclaté après la publication, en décembre 2024, d’un témoignage sur LinkedIn. Un arbitre y dénonçait des « propos inacceptables » et des « avances explicites » de la part d’un cadre formateur en position d’autorité. Dans les jours suivants, deux arbitres féminines ont également signalé des « propos totalement déplacés » lors d’un stage à Bourges. Parmi les éléments reprochés à Johann Jeanneau figurent des messages à connotation sexuelle envoyés à plusieurs arbitres masculins, tels que : « Ils m’ont dit de te payer en nature » ou encore « Je te trouve très gay ». Certains témoignages suggèrent qu’il aurait usé de son influence pour monnayer des faveurs sexuelles contre de bonnes notations.
Si ces signalements sont récents, l’affaire n’est pas nouvelle. Le dossier était connu de la FFBB et du ministère des Sports depuis plusieurs années. Une première alerte avait été transmise à la Fédération sous la présidence de Jean-Pierre Siutat, mais aucune sanction n’avait été prise. Cette fois, la pression médiatique et la multiplication des témoignages ont poussé l’instance fédérale à agir rapidement.
Pourtant, la FFBB n’a pas encore transmis le dossier à la justice via l’article 40 du code de procédure pénale, qui oblige toute autorité ayant connaissance d’un délit à en informer le procureur. Le président de la FFBB, Jean-Pierre Hunckler, assure que cette option reste envisagée si de nouveaux éléments le justifient.
Ce scandale s’inscrit dans un contexte déjà tendu au sein de la Fédération. En décembre dernier, Libération évoquait un climat de travail toxique et un management oppressant. La mise en cause de Johann Jeanneau, décrit par certains comme manipulateur et autoritaire, ne fait que renforcer ces tensions internes.
Alors que la FFBB tente de gérer cette crise en interne, cette affaire pourrait bien marquer un tournant et conduire à une remise en question plus large du fonctionnement de la Fédération et de la protection des arbitres face aux abus.