À partir du 8 octobre 2024, le musée d’Orsay présente une exposition inédite dédiée à Gustave Caillebotte, intitulée « Peindre les hommes ». Conçue pour le 130e anniversaire de la mort de l’artiste, cette exposition se distingue en mettant en lumière un aspect rarement abordé de son œuvre : la représentation de la figure masculine. Contrairement à ses contemporains impressionnistes qui privilégiaient les portraits féminins, Caillebotte s’intéresse aux hommes de son entourage, les peignant dans leur quotidien, au travail ou en pleine activité sportive. L’exposition réunit environ 70 œuvres, dont des toiles emblématiques telles que L’Homme au bain et Partie de bateau, ainsi que des pastels, dessins et documents d’archives.
Le tableau L’Homme au bain, prêté par le musée des Beaux-Arts de Boston, incarne la singularité du regard de Caillebotte. Déjà sujet à controverse lors de sa première exposition en 1884, cette toile montre un homme nu se séchant, capturé dans un moment d’intimité brut et réaliste. Cette audace a fait de Caillebotte le seul impressionniste à explorer la virilité de manière aussi frontale, en défiant les représentations idéalisées du nu masculin. À travers ses œuvres, l’artiste représente la virilité non pas comme une force mythique, mais dans toute sa simplicité quotidienne. Sa perspective cinématographique et ses cadrages rapprochés, comme dans Partie de bateau, témoignent de son approche moderne, plaçant le spectateur dans une position d’intimité inconfortable face à ses modèles.
L’exposition propose de revisiter la place de l’homme dans l’art du XIXe siècle et interroge les notions de masculinité, de proximité et d’amitié entre hommes. Caillebotte, mécène et régatier, a côtoyé une diversité d’hommes qu’il a su immortaliser avec une précision inédite. Ce projet est également soutenu par des prêts prestigieux du J. Paul Getty Museum de Los Angeles et de l’Art Institute de Chicago, qui accueilleront l’exposition en 2025. Une occasion unique de redécouvrir un artiste souvent relégué au second plan, mais qui a, par son regard singulier, profondément marqué l’histoire de l’art impressionniste.