Dans une interview accordée au JDD, Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, appelle quelques jours après la censure du gouvernement Barnier, à dépasser les clivages partisans pour répondre aux attentes des Français. Prônant une approche pragmatique, il évoque des « lignes vertes » communes, des projets transpartisans et une ouverture aux élus de tous horizons, y compris ceux du Rassemblement national.
Un appel au dépassement des étiquettes
Guillaume Kasbarian se montre critique envers l’immobilisme politique et exhorte les parlementaires à s’unir autour de réformes concrètes. « Oublions les étiquettes et l’esprit partisan », plaide-t-il, en soulignant que les Français attendent des réponses tangibles à leurs préoccupations. Leministre prône une logique de compromis, basée sur des objectifs partagés comme la simplification administrative, la sécurité ou encore la transition écologique.
Selon lui, l’heure n’est pas à un gouvernement cantonné aux affaires courantes : « Le président a encore trente mois pour agir au service des Français. Plus nous serons nombreux à participer, plus nous pourrons faire avancer le pays. »
Pour éviter l’impasse parlementaire, Kasbarian propose une approche inversée : plutôt que de s’accrocher à des « lignes rouges » infranchissables, il suggère de bâtir autour de « lignes vertes », c’est-à-dire des réformes susceptibles de faire consensus. Parmi elles, il cite des mesures comme la tolérance zéro contre le narcotrafic, la simplification administrative, ou encore des investissements massifs pour lutter contre les dérèglements climatiques.
« Sur la simplification, le texte que je préparais rassemblait une majorité au-delà du socle commun. Il s’agissait d’un projet utile et populaire pour les Français, pas d’un texte partisan », précise-t-il.
Travailler avec tous, y compris le RN
Interrogé sur une éventuelle collaboration avec le Rassemblement national, Kasbarian se veut clair : dans l’absence actuelle de majorité absolue, exclure un groupe par principe reviendrait à se priver d’avancer. Il défend une logique pragmatique : « J’ai porté une loi contre les squatteurs, soutenue par des députés RN. Au nom de quoi aurais-je refusé leurs voix ? Ce texte répondait aux attentes des Français confrontés à ce problème, et non à une logique partisane. »
Pour lui, inclure le RN dans les discussions ne signifie pas cautionner toutes leurs positions, mais reconnaître la nécessité de construire des compromis dans le cadre démocratique.
Quant à la composition du futur gouvernement, Kasbarian juge ce débat moins essentiel que les priorités de fond : « Le premier enjeu est de savoir ce qu’on bâtit ensemble. » Sur la proportionnelle, une revendication partagée par le PS et le RN, il se montre plus réservé, estimant que cela relève davantage de « la tambouille politique » que des préoccupations des Français.
Enfin, l’ancien ministre appelle à s’inspirer des pratiques allemandes, où les coalitions se construisent autour d’un programme commun plutôt que sur des querelles de personnes.
Guillaume Kasbarian conclut sur un avertissement : « Les Français ne nous pardonneraient pas un gouvernement attentiste. » Pour lui, l’enjeu est clair : éviter l’immobilisme et démontrer que la classe politique peut travailler ensemble pour répondre aux attentes du pays, quitte à bousculer les habitudes partisans et les clivages traditionnels.