La tension entre EDF et les industriels français les plus énergivores atteint un nouveau sommet. Alors que ces derniers alertent sur un risque de délocalisation massif, l’électricien national persiste à défendre sa stratégie tarifaire, considérée comme une menace par le secteur industriel.
Depuis la fin programmée du dispositif Arenh en 2025, qui leur permettait de bénéficier d’un prix subventionné de 42 euros le mégawattheure (MWh), les industriels réclament un tarif compétitif pour préserver leur compétitivité face à la concurrence internationale. EDF, de son côté, propose des contrats à 70 euros le MWh sur 15 ans, une offre jugée insuffisamment avantageuse par les entreprises concernées. La nouvelle initiative de l’électricien, consistant à mettre en place un système d’enchères européennes, a été perçue comme une provocation par l’Uniden, l’association représentant les grands consommateurs d’énergie.
De son côté, EDF relativise les menaces de délocalisation et attribue les difficultés du secteur industriel au coût du gaz et aux fluctuations des marchés mondiaux plutôt qu’au prix de l’électricité. L’électricien assure également que des contrats de long terme continueront d’être négociés et affirme être en passe de conclure un deuxième accord majeur après un premier signé avec un industriel de la chimie. L’enjeu est de taille : alors que l’État pousse EDF à garantir des tarifs compétitifs, la rentabilité de l’entreprise et l’investissement dans le parc nucléaire sont en jeu.
En toile de fond, le gouvernement cherche à arbitrer entre la protection des emplois industriels et la nécessité d’une gestion financière responsable d’EDF. L’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a d’ailleurs dénoncé la stratégie de l’électricien, affirmant que ces enchères pourraient fragiliser encore davantage l’industrie française. Une bataille à l’issue incertaine, mais dont les conséquences pourraient être déterminantes pour l’avenir énergétique et industriel du pays.